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Analyse

L’inflation, carburant à inégalités

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Egalant les records des années 80, la hausse des prix à la consommation atteint autour de 5% sur un an. Un choc que ressentent plus durement les ménages pauvres ou ruraux que les citadins et les plus aisés, moins touchés par l’augmentation des cours des carburants et de l’alimentation.
Omar, 33 ans et père de trois enfants sur le parking d'un supermarché, à La Tour-du-Pin (Isère). Il doit rogner sur «le budget extra, les jeux vidéo, les sorties, les week-ends», face à l'envolée des prix. (Bruno Amsellem/Libération)
publié le 17 avril 2022 à 20h09

Rien ne se passe comme prévu. D’abord, au moment du confinement, les économistes ont cru à un risque déflationniste. Mais les «quoi qu’il en coûte» massifs et les plans de relance successifs ont à la fois évité un effondrement de l’économie, dopé l’épargne, et soutenu une reprise vigoureuse. Pendant ce temps-là, l’offre s’est essoufflée, les chaînes d’approvisionnement n’en finissant plus d’être perturbées et les ports d’être saturés. C’est à ce contexte que les premiers signes d’inflation ont été attribués. Elle ne durerait pas et disparaîtrait sitôt l’activité revenue à la normale, pensait-on alors. Les Américains, pris de court, s’affolaient de l’accélération des prix ? C’était la faute de leur giga plan de relance. Les Européens voyaient les prix s’apprécier ? C’était à cause de l’énergie, l’orage passerait.

Au lieu de cela, l’inflation s’éloigne mois après mois des 2% en moyenne ciblés par nombre de banques centrales. Pis, elle tutoie les sommets du début des années 80 et réveille les angoisses enfouies depuis cette époque. En France, elle atteint 5,1% en mars sur un an (pour l’indice de