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Libération
Selon une étude

Londres brexitée et covidée, nouvelle adresse des super-riches

Pour les millionnaires du monde entier, Londres devient la capitale la plus prisée et détrône New York, en partie en raison de son coût de l’immobilier très élevé, selon Wealth Annual Report 2020 publié mercredi.
La plus petite maison de Londres est à vendre pour un prix estimé à 950 000 livres (1,1 million d'euros). (Tolga Akmen/AFP)
publié le 25 février 2021 à 5h48

Les millionnaires du monde entier se rassemblent désormais à Londres. C’est le fruit des recherches du cabinet de conseil en immobilier Knight Frank, qui révèle ce mercredi dans son Wealth Annual Report 2020 que la capitale britannique détrône New York.

Près de 875 000 Londoniens sont millionnaires en dollars, c’est-à-dire que leur patrimoine total est supérieur à 720 000 livres sterling. S’ils possèdent une propriété, ils figurent presque naturellement sur la liste des plus riches du pays. Une personne sur dix vivant à Londres est millionnaire. La capitale anglaise concentre également 2,5 millions de pauvres, soit 28% de sa population. C’est le pourcentage le plus élevé du Royaume-Uni, puisque la moyenne nationale se situe à 22%. Et le taux augmente pour les personnes habitant dans le centre de Londres : 32% disposent de revenus trop faibles. Les conséquences sur les enfants sont palpables : 39% des jeunes Londoniens vivent dans la pauvreté, soit près de 800 000 enfants. A Londres, donc, existent les inégalités les plus importantes et les plus significatives du pays.

L’engouement pour Londres n’est pas nouveau. Milliardaires du monde entier – émiratis en tête – n’ont cessé d’y investir ou d’y acquérir des biens immobiliers. Mais en 2020, en pleine pandémie de Covid-19 et en plein divorce avec l’Union européenne, Londres devient plus attractive que sa rivale outre-Atlantique, New York qui ne compterait «que» 820 000 millionnaires. L’enrichissement des Londoniens est dû à plusieurs facteurs. Le coût particulièrement élevé du mètre carré, d’abord, aurait fait basculer beaucoup de ménages dans la catégorie des «riches». D’après le rapport, plus de 68 000 biens sont valorisés à plus de 2 millions de livres sterling dans la capitale britannique. Le contexte sanitaire et géopolitique s’est également montré favorable aux super-riches, désireux d’investir dans l’immobilier : le Brexit a offert aux intéressés des avantages fiscaux, tandis que la livre a été dévaluée.

Si Londres atteint une telle popularité, c’est parce qu’elle propose de nombreux services et loisirs adaptés au mode de vie des personnes fortunées : théâtres, opéras, restaurants étoilés, universités, installations sportives. Par ailleurs, la capitale a bénéficié d’un afflux de riches hongkongais, inquiets de la répression accrue des autorités chinoises. Les Britanniques ont ainsi alloué des passeports «dorés» aux Hongkongais capables d’investir au moins 2 millions de livres au Royaume-Uni. Le dispositif a connu une hausse de 68% en 2020, un succès.

Le rapport rappelle une cruelle évidence : la pandémie a appauvri les populations les plus vulnérables, tandis qu’elle a enrichi les plus riches. Le nombre de personnes possédant des actifs de plus de 30 millions de dollars a augmenté de 2,4%. Cette courbe devrait augmenter de 27% d’ici 2025. Le nombre de millionnaires devrait monter à 41%. Ces nouveaux riches viendront principalement d’Asie.

Mais les nantis du monde entier craignent une déconvenue. Que leurs Etats respectifs mettent en place des impôts sur la fortune, afin de lutter contre les inégalités. Certains pays l’ont déjà adopté, à l’instar de l’Argentine, de la Bolivie ou du Maroc. Au Royaume-Uni, l’introduction d’un impôt pour les personnes ayant plus de 500 000 livres de revenus fait son chemin, en témoigne la création d’une Wealth Tax Commission, au printemps 2020. Les économistes Arun Advani, Emma Chamberlain et Andy Summers recommandent ainsi de taxer à 1% cette catégorie de la population pendant cinq ans. De quoi faire trembler les nababs de la planète.