«Faut réfléchir avant d’agir» : ce slogan en forme de sermon inscrit sur une pancarte brandie par un salarié de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) en dit long sur la sidération suscitée, jusque dans les rangs de la filière, par le tempo ultrarapide voulu par Emmanuel Macron pour relancer le programme nucléaire français avec six à quatorze nouveaux réacteurs EPR censés entrer en service entre 2035 et 2045. Mardi à Paris, 700 experts en sûreté nucléaire manifestaient contre la dissolution brutale de l’IRSN dont les compétences précieuses seront disséminées entre l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et la Défense nationale.
Annoncée dans la foulée d’un «conseil de politique nucléaire», qui s’est tenu le 3 février à l’Elysée, la décision est tombée comme la foudre de Jupiter sur un IRSN unanimement respecté, mais accusé par les décideurs de l’atome de freiner les grands chantiers du nucléaire français par sa vigilance pointilleuse et intraitable en matière de sûreté. L’oukase présidentiel met à mal le principe de séparation des pouvoirs entre exp