Menu
Libération
Services publics

Macron prépare un budget 2025 avec «2 milliards d’euros en moins pour les hôpitaux», selon Marine Tondelier

La secrétaire nationale des Ecologistes a accusé le gouvernement démissionnaire de préparer «en catimini» un budget 2025 avec de nombreuses économies, notamment sur les hôpitaux. Bercy confirme avoir envoyé à Matignon des plafonds de dépenses mais sans préciser lesquels. Eric Coquerel, lui, trouve normal que le gouvernement reste au travail sur le budget.
Sur son compte X, Marine Tondelier s’adresse à ses abonnés pour dénoncer les économies que, selon elle, le gouvernement prépare discrètement. (@marinetondelier /Capture X)
par Paul Dubois
publié le 5 août 2024 à 20h19
(mis à jour le 6 août 2024 à 11h58)

Marine Tondelier, debout face caméra devant une ancienne carte de la région Nord-Pas-de-Calais, s’adresse à ses abonnés sur X pour dénoncer les économies que selon elle le gouvernement prépare discrètement. Ce qui verrouillerait l’action du prochain gouvernement. La nouvelle a des airs de petite bombe, à l’en croire : selon la cheffe de file écolo, «les remontées que l’on a des fonctionnaires participant à certaines des réunions […] on nous parle de 2 milliards d’euros en moins pour les hôpitaux en 2025.» «Il se passe des choses dans les ministères qui ne relèvent absolument pas de la trêve olympique, qui sont des décisions très lourdes de sens, et qui sont susceptibles de plomber dans les mois à venir, les Françaises, les Français, nos services publics et tout ce que l’Etat doit faire au quotidien». Un «déni de démocratie», accuse-t-elle. Et de lancer : «les changements majeurs pour lesquels vous avez voté vont vous être confisqués».

Bercy a confirmé à Libération avoir envoyé le 2 août à Gabriel Attal des propositions pour de nouveaux plafonds de dépenses ministérielles pour 2025, en vue de la présentation du budget en octobre, mais sans en dévoiler le détail. Seule donnée connue, le gouvernement vise 25 milliards d’économies dès cette année. Bercy s’est aussi justifié de proposer des chiffrages pour 2025 : «Nous voulons laisser un ministère en ordre et des comptes publics en cours de rétablissement. Il faut bien comprendre que si un prochain gouvernement veut donner un budget à la France, il faut qu’il y ait un budget sur la table qu’il pourra amender sinon il n’y aura pas de budget», fait valoir l’entourage de Bruno Le Maire. Bercy demande que Matignon envoie les lettres de cadrage à chaque ministère avant le 15 août. Matignon ne s’est pas encore exprimé.

Pas de quoi choquer en revanche le député insoumis Eric Coquerel, président de la commission des Finances de l’Assemblée, qui trouve normal que le gouvernement prépare un budget. « Bruno Le Maire m’a prévenu qu’il le faisait. Il essaye de travailler à un budget, parce que ce qui peut aussi se passer à un moment donné c’est que techniquement, il n’a plus le temps de faire un budget. Les lettres de plafonds, il fallait qu’elles soient faites, quitte à les amender après. Il veut que tout soit prêt pour la rentrée. » » Pour le député insoumis le seul responsable, c’est le président de la République. « À partir du moment où Macron n’a pas pris ses décisions, les ministres continuent à travailler pour que les choses soient à peu près parées pour la rentrée, ce qui me paraît assez normal.» .

Economiser sur les hôpitaux est en tout cas pour la gauche une attaque contre les services publics, cheval de bataille du Nouveau Front Populaire qui prône la nomination à Matignon de Lucie Castets, co-directrice du collectif Nos Services Publics.

La dirigeante des Ecologistes critique au passage le président de la République pour sa «procrastination» et l’accuse de pratiquer la «stratégie du cul de plomb», en tardant à choisir un nom pour Matignon, ce qui revient à garder le pouvoir et en refusant tout changement politique malgré une opposition de «73% des Français» à sa politique. Les ministères connaîtront bientôt leurs budgets pour 2025, malgré les tensions au sein du gouvernement. Bruno Le Maire prépare des propositions rigoureuses de plafonds de dépenses pour respecter la trajectoire de réduction du déficit en dessous des 3% d’ici 2027. La décision finale reviendra au futur gouvernement, car le Premier ministre actuel, Gabriel Attal, n’a pas pris d’engagement ferme concernant l’envoi des lettres plafonds le 15 août.

Mis à jour mardi à 12h00 avec commentaires de Eric Coquerel