Un geste comme une insignifiante vengeance symbolique ? Jeudi 25 septembre, à la sortie de la salle d’audience où Nicolas Sarkozy vient d’apprendre sa condamnation à cinq ans de prison, Carla Bruni-Sarkozy se tient à côté de son époux. Alors qu’une forêt de micros et de caméras se dresse devant le couple, l’ancien président prend la parole pendant quelques minutes, s’attaquant frontalement au jugement assorti d’un mandat de dépôt différé qui vient de lui être appliqué.
La déclaration achevée au milieu des flashs, l’ex-couple présidentiel se retire. Comme on peut le voir sur les images des nombreux journalistes présents sur place, la chanteuse et mannequin se rapproche des reporters, notamment du micro de Mediapart, couleur rouge et «crieur de journaux» bien en vue. Demi-sourire en coin, elle se saisit de la bonnette, l’enlève et la jette à terre avant de reprendre son chemin vers la sortie du tribunal de la porte de Clichy.
Carla Bruni retire la bonnette du micro de Mediapart avant de la jeter au sol à l’issue de la prise de parole de Nicolas Sarkozy, condamné à 5 ans de prison avec mandat de dépôt à effet différé. pic.twitter.com/xiv3XXMSTT
— CLPRESS / Agence de presse (@CLPRESSFR) September 25, 2025
Faire de Mediapart la cible de cette transgression n’a rien d’anodin. Le média en ligne est en effet à l’origine de la plupart des révélations concernant l’affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007. Il avait notamment publié pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle 2012 une note faisant état du transfert de 50 millions d’euros de l’Etat libyen, destinés à financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. En 2016, l’ancien président avait attaqué Mediapart en justice pour faux et usage de faux, poursuites dont il avait été débouté. Le 25 septembre, le tribunal n’a pas retenu ce document comme un élément de preuve.
Carla Bruni-Sarkozy a elle-même été mise en examen dans une des sous-affaires de ce tentaculaire dossier. Soupçonnée d’avoir joué un rôle dans la volte-face de l’intermédiaire Ziad Takieddine en novembre 2020, elle a été mise en examen en juillet 2024 pour subornation de témoin et participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction d’escroquerie au jugement en bande organisée. Malicieux, le site d’information, qui a par ailleurs remercié ses abonnés pour leur soutien qui leur a permis «de mener une enquête si longue», a réagi après avoir sobrement rapporté l’incident : «Abonnette-vous !» A l’extérieur du tribunal, trois journalistes du média ont ensuite donné des nouvelles du morceau de mousse : «La bonnette va bien.» Nous voilà rassurés.
Mise à jour à 17h03 avec des nouvelles de la bonnette et la réaction de Mediapart.