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Libération
Enquête

Arnaud Lagardère, entretien avec un vampirisé par Bolloré

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Dépossédé de l’empire familial, désormais entre les mains des hommes de Vincent Bolloré, l’héritier de 63 ans frappe par sa conversion désinvolte aux obsessions religieuses et identitaires du milliardaire breton.
Arnaud Lagardère à Paris le 18 décembre 2019. (Renaud Khanh/ABACA)
publié le 28 avril 2024 à 21h08

Comme il semble ravi d’avoir tout abdiqué. Le voilà, en ce jeudi printanier, mi-avril, costume baskets, bondissant dans son palais déserté de la rue de Presbourg, face à l’Arc de Triomphe. 9 heures, Arnaud Lagardère au taquet comme jamais, café serré, CNews et sa sombre logorrhée matinale sur écran géant. Il prend soin de l’éteindre, dialogue cash, jovial, sans conditions, après avoir textoté drôlement : «Pas sûr que mon portrait vous vaudra beaucoup de lecteurs mais bon…» Il affiche, à 63 ans, un visage tout épanoui, comme élargi, et dans son bureau beige passé qui fut l’antre de son père, les mots volent. «Une résurrection, lance-t-il, en évoquant son existence depuis qu’il a cédé son groupe à Vivendi, l’empire médiatique de Vincent Bolloré. Je ne vous raconte pas des salades, je n’ai jamais été aussi heureux.»

Lagardère junior a toujours eu un singulier rapport au réel, cocktail de résilience et d’insouciance. «Nono», l’appelle depuis toujours le Tout-Paris, halluciné de le voir au fil des ans dilapider l’héritage de son père Jean-Luc, disparu en 2003 ; vendre les activités stratégiques, accumuler les projets, les erreurs, les outrances ; jouer l’amoureux benêt a