Comme il semble ravi d’avoir tout abdiqué. Le voilà, en ce jeudi printanier, mi-avril, costume baskets, bondissant dans son palais déserté de la rue de Presbourg, face à l’Arc de Triomphe. 9 heures, Arnaud Lagardère au taquet comme jamais, café serré, CNews et sa sombre logorrhée matinale sur écran géant. Il prend soin de l’éteindre, dialogue cash, jovial, sans conditions, après avoir textoté drôlement : «Pas sûr que mon portrait vous vaudra beaucoup de lecteurs mais bon…» Il affiche, à 63 ans, un visage tout épanoui, comme élargi, et dans son bureau beige passé qui fut l’antre de son père, les mots volent. «Une résurrection, lance-t-il, en évoquant son existence depuis qu’il a cédé son groupe à Vivendi, l’empire médiatique de Vincent Bolloré. Je ne vous raconte pas des salades, je n’ai jamais été aussi heureux.»
Lagardère junior a toujours eu un singulier rapport au réel, cocktail de résilience et d’insouciance. «Nono», l’appelle depuis toujours le Tout-Paris, halluciné de le voir au fil des ans dilapider l’héritage de son père Jean-Luc, disparu en 2003 ; vendre les activités stratégiques, accumuler les projets, les erreurs, les outrances ; jouer l’amoureux benêt a