«Le monde va changer et il va falloir qu’on s’adapte.» Parmi l’éventail d’arguments bancals déployé ce mardi 27 juin au matin par Arnaud Lagardère devant les salariés en grève du Journal du dimanche, il y a celui-ci, étonnant, un élément de langage fataliste déjà utilisé la veille dans une interview au Figaro, et destiné à justifier une décision difficilement justifiable : filer les clés d’un journal influent, historiquement légitimiste et proche des pouvoirs économiques, à une personnalité issue de la droite la plus réactionnaire.
Jouant au grand naïf, rôle qu’il maîtrise à la perfection, Arnaud Lagardère a ainsi répété que le choix de Geoffroy Lejeune pour diriger le JDD était d’abord le sien, et pas du tout celui de Vincent Bolloré, qui vient de mettre la main sur son groupe – le PDG semble là surtout vouloir se faire entendre de la Commission européenne, qui étudie l’acquisition de Lagardère par Vivendi pour estimer si la prise de contrôle a eu lieu avant que Bruxelles ait donné son aval. Alors non, Geoffroy Lejeune, c’est le choix «d’un ami très proche, jeune, qui connaît le numérique». «Une opportunité à saisir», dit Lagardère : «Des journalistes de talent, il n’y en a pas beaucoup.» Face à la soixantaine de salariés du JDD,