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Au «JDD», Jérôme Béglé remplace déjà Jérôme Bellay

Le directeur adjoint de la rédaction du «Point» et invité récurrent de CNews va devenir le directeur général de la rédaction du «Journal du dimanche».
Jérôme Béglé remplacera Jérôme Bellay à la direction du journal, trois mois après sa nomination. (Syspeo/Sipa)
publié le 12 janvier 2022 à 20h03

La transition aura duré trois mois à peine. Dans un communiqué publié mercredi, le groupe Lagardère a annoncé la nomination de Jérôme Béglé à la tête de la rédaction du Journal du dimanche. Il remplace ainsi à ce poste Jérôme Bellay, nommé en octobre, quelques semaines après la prise de pouvoir de Vivendi et de Vincent Bolloré sur le groupe Lagardère. Pour les adeptes des médias Bolloré, Jérôme Béglé n’est pas un inconnu : il est un pilier du café du commerce matinal de Pascal Praud sur CNews. Même une «figure du journalisme français», selon le communiqué signé par le PDG Arnaud Lagardère et Constance Benqué, la présidente de Lagardère News. Avec un profil à la fois Lagardère et Bolloré-compatible, Jérôme Béglé a une expérience de rédacteur en chef au Figaro Magazine, puis au site du Point, et enfin comme directeur adjoint de la rédaction de l’hebdomadaire de droite depuis 2014. «Nous nous réjouissons de l’arrivée de Jérôme Béglé qui pourra, avec Cyril Petit, directeur de la rédaction, poursuivre les chantiers de transformation initiés sur le JDD, en particulier sur le numérique», écrivent de concert Arnaud Lagardère et Constance Benqué. Jérôme Béglé prendra ses fonctions le 24 janvier.

L’homme, qui a surtout déjà passé douze ans dans le groupe, à Paris Match dans les années 1990 et 2000, a aussi de longue date convoité la direction du JDD. Son nom revenait inlassablement à chaque changement de patron de l’hebdomadaire dominical. En 2016, une de ces tentatives avait provoqué une levée de boucliers dans la rédaction. «Il ne nous semble pas avoir les compétences pour le job, alors qu’on arrive en année présidentielle», expliquait alors un journaliste. Soupçonné de plagiat, vu plutôt comme un chroniqueur mondain qu’un journaliste politique et réputé proche des pouvoirs, l’hypothétique candidature Béglé avait provoqué une assemblée générale des journalistes pour s’y opposer. Cette tentative survenait, déjà, pour prendre la succession de Jérôme Bellay – on notera l’inventivité sans limites du groupe Lagardère. Le poste avait finalement échu à Hervé Gattegno, lourdé en octobre.

«L’arrivée de Jérôme Béglé est assez brutale»

Cette fois, la rédaction, qui a connu de nombreux départs ces dernières années, n’est plus dans les mêmes dispositions. L’annonce du départ de Jérôme Bellay n’est pas une surprise vu son âge (79 ans). Le créateur de France Info et de LCI était surtout venu faire l’intérim. Un rôle qui se traduisait par son comportement dans la rédaction : «Son degré d’investissement pouvait difficilement être plus faible», lâche un journaliste. Mais le timing, rapide, interroge à trois mois de l’élection présidentielle, dans laquelle le Journal du dimanche constitue toujours un rendez-vous médiatique important de la campagne.

«On pouvait penser qu’il allait être là jusqu’à l’été, note une journaliste. On ne sait pas pourquoi ça s’est accéléré.» Contacté par Libération, Jérôme Bellay n’a pas répondu à nos sollicitations. La rédaction a été avertie en même temps que la publication du communiqué. En octobre, la nomination de Bellay, fin connaisseur de la maison, n’avait pas provoqué de remue-ménage dans la rédaction. «Mais là, l’arrivée de Jérôme Béglé, c’est assez brutal, très rapide, raconte une journaliste. Il arrive dans dix jours, à un moment où on fait beaucoup de politique. Et ce n’est pas le même profil que Bellay. Le côté chroniqueur à CNews n’est pas là pour nous rassurer.» Selon l’AFP, la direction de Lagardère a assuré à la rédaction qu’aucun changement de ligne éditoriale ne serait effectué.