La garde partagée de la langue anglaise a beau entretenir l’illusion d’un idiome commun entre journaux britanniques et américains, l’Atlantique reste un gouffre de pratiques, codes et cultures médiatiques difficilement réconciliables, comme l’illustre la nomination avortée de Robert Winnett à la tête de la rédaction du Washington Post, un poste de prestige, et son premier aux Etats-Unis, dont il aura finalement dû se retirer avant même d’avoir embarqué depuis Londres. Alors que ses états de service soulevaient de vertigineuses questions éthiques – qui ne semblent pas en être pour tout le monde au Royaume-Uni –, ses présent et futur employeurs ont annoncé son retrait vendredi 21 juin.
Vétéran des rédactions anglaises, et actuel haut gradé du Daily Telegraph, Winnett avait été choisi seulement deux semaines et demie plus tôt pour rejoindre le Washington Post à l’automne, au lendemain d’échéances électorales américaines aux dimensions historiques. Sa désignation à la place d’une rédactrice en chef rétrogradée puis démissionnaire, Sally Buzbee, était alors déjà apparue comme le caprice d’un nouveau PDG, lui aussi britannique, Will Lewis, dépêché depuis janvier au chevet du Post alors que cette institution du plus grand journalisme américain – propriété depuis 2013 du multimilliardaire et fondateur d’Amaz