De vague en vague, la mesure des audiences radio par Médiamétrie révèle peu de surprises, mais toujours quelques enseignements. Celle courant sur la période de janvier à mars 2022, publiée ce jeudi, voit ainsi France Inter continuer sa course en tête parmi les stations les plus écoutées de France, épuisant la concurrence. Avec 12,5% d’audience cumulée, la radio enregistre 6,9 millions d’auditeurs quotidiens, plus de 170 000 de plus qu’il y a un an. Inter gagne aussi 0,6 point de part d’audience sur la période.
Une performance, surtout quand on voit que l’écoute des radios généralistes dans son ensemble a un gros coup de moins bien, avec 266 000 auditeurs perdus en un an. La radio publique creuse même son écart avec RTL, en légère hausse sur un an (+67 000 auditeurs, et 0,7 point de PDA en plus). France Inter a pourtant vécu des derniers mois mouvementés, entre le torrent de critiques des candidats et médias d’extrême droite sur sa ligne éditoriale qu’ils jugent trop à gauche, et, en coulisses, la succession périlleuse de Laurence Bloch, directrice de la station depuis 2014, qui passera finalement la main à Adèle van Reeth à la rentrée prochaine.
La stabilité de la grille d’Inter, peu modifiée depuis la prise de fonction de Bloch, est-elle le secret de sa réussite ? Car à l’inverse, l’exemple d’Europe 1, dont les audiences s’amenuisent de mois en mois, démontre l’inefficacité des grands chambardements et des retouches permanentes à la ligne éditoriale d’une station. Fin juin, cela fera un an que la radio du groupe Lagardère a été reprise en main par Vivendi et Vincent Bolloré, et ses programmes rapprochés de ceux de la très droitière chaîne d’info en continu CNews. Sans effet positif, bien au contraire : Europe 1 perd 583 000 auditeurs en un an, pour 3,9% d’audience cumulée (contre 5% sur la même période en 2021). Même Constance Benqué, la directrice du pôle news de Lagardère, en dresse un constat cruel. Selon elle, Europe 1 «pisse le sang», comme elle l’a décrit auprès de la Société des journalistes du JDD, dans des propos rapportés par le Monde.
En octobre
Dans le contexte de la campagne présidentielle, Radio France clignote de partout. France Info d’abord, devenu un réflexe en temps d’actualité chargée, comme avec la guerre en Ukraine. La station publique d’information en continu enregistre son record d’audience depuis dix-neuf ans, avec 9,9% d’audience cumulée et 5,4 millions auditeurs. Près de 600 000 de plus qu’il y a un an, une prouesse. La matinale de Marc Fauvelle, notamment, devient la troisième matinale de France (derrière Inter et RTL) avec 2,8 millions d’auditeurs quotidiens entre 7 heures et 9 h 30, soit 311 000 auditeurs supplémentaires en un an et 5,1% d’audience cumulée. France Culture signe aussi des audiences records avec 3,2% d’audience cumulée et 210 000 auditeurs gagnés par rapport à 2021. Les musicales de la maison ronde, France Musique (+48 000 auditeurs) et FIP (+29 000), sont aussi de la fête. Seul France Bleu dévisse, avec 0,4 points d’audience cumulée en moins (à 5,6% sur la période, contre 6% il y a un an).
Enfin, le paysage des radios musicales observe peu de changements notables, si ce n’est que toutes les stations voient leurs audiences s’éroder, NRJ en tête (-170 000 auditeurs, toujours forte avec 8,1% d’audience cumulée). Deux d’entre elles y échappent, des radios populaires déjà performantes lors de la précédente vague : Rires et Chansons (+85 000 auditeurs) et surtout Nostalgie (+235 000). Et c’est sans compter sur l’outsider Radio Nova, qui fait valoir des chiffres records, avec 45,6% (!) de progression de son audience en un an, soit 113 000 auditeurs supplémentaires au quotidien pour 361 000 auditeurs au total.