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Libération
Coudes à coudes

Audiences TV : CNews égale BFM en mars et confirme son ascension

Comme en décembre, la chaîne de Bolloré a réalisé la même audience que le leader historique de l’info en continu, illustration du succès des médias polémiques et outranciers face à l’info traditionnelle.
Les deux chaînes ont obtenu 2,7% de part d’audience en mars, selon des chiffres de Médiamétrie révélés ce lundi 1er avril par Canal+ et confirmés par BFM TV. (Eric Beracassat /Hans Lucas / AFP)
publié le 1er avril 2024 à 15h33

Pour la seconde fois dans l’histoire des chaînes d’info françaises, CNews, la chaîne du groupe Bolloré, est parvenue à égaler le taux d’audience de BFM TV, leader historique du secteur. Les deux chaînes ont obtenu 2,7% de part d’audience en mars, selon des chiffres de Médiamétrie révélés ce lundi 1er avril par Canal+ et confirmés par BFM TV, un jour avant leur parution officielle. Loin devant leur concurrente LCI, en 3e place avec 1,9% de part d’audience.

Les polémiques, les dérapages ultraconservateurs ou complotistes, les sanctions de l’Arcom et avertissement du Conseil d’Etat... rien n’a freiné le succès de CNews, filiale du groupe Canal+, contrôlé par Vivendi, propriété du milliardaire Vincent Bolloré. Ses audiences ne cessent de progresser, tirées par des débats clivants qui plaisent à son public, séduit par sa tête d’affiche Pascal Praud. Début décembre, la chaîne était déjà passée pendant une semaine devant BFM TV, grâce aux scores matinaux de l’Heure des pros, l‘émission de débat de son animateur vedette, ce qui avait même classé CNews comme deuxième chaîne nationale à cet horaire.

Dans le collimateur de l’Arcom

Si ses excès mêmes font son succès, elle prend le risque de s’éloigner des exigences légales attendues des chaînes d’info : le 13 février, le Conseil d’Etat, saisi par l’ONG Reporters sans frontières (RSF), a sommé l’Arcom, le régulateur des médias, de mieux contrôler CNews pour vérifier «le respect de ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information». L’Arcom a déjà mis en demeure CNews à plusieurs reprises sur le respect du pluralisme politique. Le régulateur lui a encore adressé une mise en garde le 12 mars, après que Pascal Praud a fait un lien entre les punaises de lit et l’immigration en septembre.

La chaîne est sur la sellette, car en février a démarré le long processus de renouvellement des fréquences de la TNT pour 2025. Dans ce cadre, une commission d’enquête de l’Assemblée a auditionné en mars les principales figures de l’antenne ainsi que Vincent Bolloré lui-même, alors que CNews continue d’enchaîner les réprimandes de l’Arcom. Qui doit maintenant se pencher sur la dernière outrance en date, un tableau des causes de mortalité qui mentionnait en tête de liste l’avortement, diffusé par CNews le 25 février. Devant le tollé, la chaîne avait présenté ses excuses. Pourtant, décomplexé, Vincent Bolloré a lâché aux députés que pour lui deux «libertés» se «heurtent», dont celle «des enfants à vivre».

BFM TV doit désormais résister à cette concurrence sur le registre du clash, qui l’a parfois poussée à l’imitation en invitant sur ses plateaux des polémistes de l’extrême droite identitaire, à la grande inquiétude de ses journalistes. Ce sera la tâche du milliardaire Rodolphe Saadé, le patron de l’armateur CMA-CGM, qui a annoncé le 15 mars le prochain rachat de la chaîne d’info à Patrick Drahi, dont le groupe Altice est lourdement endetté.