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Méfiance

Baromètre «la Croix» : les Français partagés sur le recours à l’intelligence artificielle par les médias

Intelligence artificielle (IA) : de la fascination à l'inquiétudedossier
Les Français interrogés dans le dernier sondage la Croix–Verian–La Poste, dévoilé mardi 14 janvier, se révèlent plutôt réticents à un usage de l’IA générative pour automatiser certains contenus, estimant qu’elle pourrait «dégrader» l’information.
Un peu moins de la moitié (43 %) des personnes sondées se disent «opposées» à l'utilisation de l'intelligence artificielle par les médias. (Charles Taylor/Getty Images)
publié le 14 janvier 2025 à 17h03

La perspective de voir les médias recourir à l’intelligence artificielle (IA) pour la production de certains contenus divise les Français, selon le baromètre annuel du journal la Croix dévoilé mardi 14 janvier. Présentée au festival Médias en Seine à Paris, la dernière édition de ce sondage réalisé depuis 1987, rebaptisé «Baromètre la Croix-Verian-La Poste sur la confiance des Français dans les médias», développe de nouvelles interrogations sur l’IA.

«Perte de l’analyse et du regard humains»

A la question «seriez-vous favorable» à son utilisation par les médias pour «automatiser la production de certains types de contenus (images, articles courts, bulletins météo…)», un peu moins de la moitié (43 %) des 1 500 personnes sondées en ligne du 25 au 28 novembre (méthode des quotas) se disent «opposées». A l’inverse, 36 % des répondants se déclarent «favorables», tandis que 16 % estiment ne pas en savoir «assez sur le sujet pour se prononcer» et 5 % ne donnent pas d’opinion. Ces chiffres recouvrent un clivage entre générations, avec notamment 58 % des 18-24 ans qui répondent favorablement, contre seulement 21 % chez les plus de 65 ans. De même, si près de la moitié des sondés (47 %) estiment que le recours à l’IA «dégradera la qualité des informations fournies» (contre 29 % anticipant une amélioration), 41 % des 18-24 ans jugent au contraire qu’il l’améliorera, contre 19 % chez les plus de 65 ans.

«Perte de l’analyse et du regard humains» (41 %), «création de fausses informations» (37 %) et «manipulations dans les informations diffusées» (37 %) sont les principaux risques les plus cités par les sondés, devant «les destructions d’emplois» (27 %) et le «manque de transparence sur l’utilisation» de l’IA (24 %). L’IA est déjà utilisée couramment dans les rédactions, notamment pour traduire des textes ou retranscrire des fichiers sonores, mais les médias restent frileux en matière d’IA dite générative, c’est-à-dire créatrice de contenus, encore objet d’expérimentations. En France, l’Est républicain et Vosges Matin, deux titres du groupe de presse Ebra, ont notamment commencé en 2023 à utiliser ChatGPT, qui permet de produire un texte à partir d’instructions données, pour corriger et mettre en forme des textes de leurs correspondants locaux, suscitant des craintes en interne.

Les JT toujours considérés les plus fiables

Plus généralement, la confiance envers les médias s’est encore dégradée, 62 % des sondés considérant qu’«il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité», soit 5 points de plus par rapport au baromètre de novembre 2023. Un chiffre à mettre en regard avec celui de la consommation des médias, en hausse, tirée en particulier par les émissions télévisées d’actualité et de divertissement, les podcasts et les influenceurs. Les journaux télés restent la source d’information médiatique préférée des Français : 90 % des sondés indiquent en être téléspectateurs, et ils restent jugés comme la source d’information la plus fiable, considérée comme telle par 69 % des Français, devant la presse régionale et la presse quotidienne nationale. A l’inverse, les influenceurs, les réseaux sociaux ou les émissions d’infotainment sont jugés comme les sources d’information les moins fiables.

Le sentiment de fatigue informationnelle, lui, touche toujours autant d’individus : 51 % des sondés disent ressentir de la fatigue ou du rejet par rapport à l’actualité. La raison ? Le fait qu’«on parle toujours des mêmes sujets dans les médias» (pour 44 % des sondés) ou de se sentir «angoissé(e) ou impuissant(e) face aux informations» (41 % des sondés).