Dans la tourmente depuis l’éviction brutale en mars 2023 de l’ancien directeur de la rédaction Nicolas Barré, qui avait occasionné une grève de signatures, le quotidien économique les Echos pourrait voir débarquer un profil inattendu. Le président du conseil de surveillance du journal, Mathieu Gallet, a fait savoir ce mercredi 27 mars à la Société des journalistes (SDJ) que l’actionnaire majoritaire LVMH (dirigé par le milliardaire Bernard Arnault) allait proposer Christophe Jakubyszyn comme «directeur des rédactions», ce qu’a confirmé la SDJ des Echos dans un communiqué.
Chronique
Du côté de BFM Business, dont Christophe Jakubyszyn est directeur de la rédaction depuis 2022, le départ du journaliste de 56 ans a été officialisé par un mail de la direction de la chaîne d’information. Le courrier l’annonce déjà «en tant que directeur des rédactions» des Echos, alors que la rédaction du journal doit encore se prononcer. Ancien directeur adjoint et chef du service politique de TF1 de 2012 à 2015, également passé par RMC et LCI, Christophe Jakubyszyn pourrait retrouver un poste dans la presse écrite pour la première fois depuis son départ du Monde en 2008.
Aux Echos, il n’était d’ailleurs jamais apparu parmi les candidats potentiels au poste. «C’est plutôt la surprise» au sein de la rédaction, explique une journaliste du quotidien contactée par Libé. «Son nom n’était jamais sorti… Il se disait que Rémi Godeau [rédacteur en chef à l’Opinion, ndlr] avait ses chances.» Au sein des équipes toutefois, il se dirait que «c’est quelqu’un de bien».
Une vacance du poste de six mois
Avant qu’il ne puisse accéder à la direction de la rédaction, la nomination de l’ancien co-animateur du débat télévisé du second tour de la présidentielle 2017 doit encore être approuvée (et votée) par la rédaction. Si c’était le cas, l’arrivée de Christophe Jakubyszyn mettrait fin à six mois de vacance du poste de directeur des Echos, depuis le départ de François Vidal le 28 septembre.
Proposé unanimement par le conseil de surveillance alors présidé par André Lévy-Lang, Vidal avait perdu son poste après avoir essuyé un vote de défiance et le véto de la rédaction, alors en conflit ouvert avec l’actionnaire. Depuis six mois, la rédaction fonctionne donc sans direction de la rédaction, les rédacteurs en chef en assurant les tâches à tour de rôle.
D’autres candidats aux aguets
Citée par l’Informé, une journaliste explique : «Il faut voir avec qui il fera alliance en interne parmi les deux postulants déjà déclarés», c’est-à-dire les rédacteurs en chef Lucie Robequain ou David Barroux, qui ont été prévenus dans la soirée du 26 mars qu’ils n’étaient pas retenus, selon les informations du Monde. Mais selon le média, «un tel tandem n’est pas envisagé».
Parmi les candidats figurent également Rémi Godeau, donc, mais aussi Eric Chol, directeur de la rédaction de l’Express, et Stéphane Benoit-Godet, ancien rédacteur en chef au quotidien suisse francophone le Temps.
Rien n’est donc fait pour Christophe Jakubyszyn, dont la nomination doit encore passer au crible de ses potentiels futurs collègues. La Société des journalistes des Echos a confirmé dans son communiqué qu’elle «organisera une audition du candidat», à une date encore inconnue, «afin que chaque journaliste de la rédaction puisse en conscience décider ou non d’user de son droit de véto concernant un poste clé pour l’indépendance» du journal.
Mise à jour : à 16h22, avec l’ajout du communiqué de la Société des journalistes (SDJ) des Echos.