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«Coop-médias», une coopérative lancée pour soutenir l’écosystème des médias indépendants

Initié par le Collectif pour une transition citoyenne, ce projet, qui lance une campagne de levée de fonds ce mercredi 9 octobre, vise à défendre les médias indépendants dans «un paysage médiatique en crise».
«Coop-médias» vise à défendre les médias indépendants en les associant au savoir-faire de l’écosystème de l’économie sociale et solidaire. (DR)
publié le 9 octobre 2024 à 14h41

Mercredi 9 octobre au soir, à l’Académie du climat à Paris, va démarrer un projet inédit : le lancement d’une société coopérative d’intérêt collectif destinée à la défense des médias indépendants, cet écosystème en constante expansion avec des titres comme Blast, Streetpress, Vert ou Reporterre, mais aux ressources qui peuvent s’avérer fragiles. «Coop-médias» vise ainsi à défendre et soutenir ce secteur en l’associant au savoir-faire de l’écosystème de l’économie sociale et solidaire (ESS), où est né le projet. La soirée de lancement marque ainsi le début d’une levée de fonds ambitieuse, avec l’objectif d’atteindre 2 à 3 millions d’euros de capital social, aussi bien auprès de citoyens et citoyennes que d’institutions privées et publiques qui peuvent souscrire à des parts sociales à 100 euros l’unité. Lucie Anizon, directrice générale de Coop-médias, explique à Libération les objectifs de cette coopérative.

Qu’est-ce que Coop-médias ?

C’est une coopérative qui souhaite réunir deux écosystèmes, celui des médias indépendants avec celui de l’économie sociale et solidaire au sens large, pour défendre l’indépendance et le pluralisme des médias. Mercredi 9 octobre, la coopérative lance sa première levée de fonds. Elle servira ensuite à financer des médias, à leur apporter une aide à la diffusion, une mutualisation de certains outils, ou des compétences de lobbying. Concrètement, si demain le projet fonctionne, un média pourra par exemple obtenir des financements via des appels à projets que la coopérative lancera, après qu’un jury ad hoc a examiné les dossiers.

L’idée, c’est de devenir une ressource pour ces médias indépendants, dont ils seraient aussi parties prenantes. On peut imaginer que la coopérative pourra ainsi proposer une mutualisation de certains outils de gestion de paye par exemple, ou des échanges de pratiques, ou internalisera des compétences qui seront mises à disposition des médias partenaires. Une autre dimension de ce projet, c’est aussi de s’interroger sur la façon de donner un coup de pouce à la visibilité des médias indépendants. Cela passera alors par une visibilisation dans le secteur de l’économie sociale et solidaire d’abord, mais cela pourra aussi prendre la forme, éventuellement, d’un kiosque en ligne, ou d’éventuels systèmes d’abonnements croisés. Enfin, on prévoit de développer une activité de plaidoyer, de lobbying : auprès des parlementaires bien sûr, mais aussi sous une forme d’éducation populaire, pour expliquer ce que sont ces médias, comment ils fonctionnent.

Comment est née cette initiative ?

Elle est née au sein du Collectif pour une transition citoyenne, un réseau associatif de 34 organisations, associations, coopératives parmi lesquelles on retrouve par exemple Enercoop, Attac ou Alternatiba… C’est un mouvement qui travaille depuis longtemps à redonner du pouvoir aux citoyens, avec des organisations engagées dans une transition écologique, sociale et démocratique. Pour faire résonner ces questions dans tous les secteurs, on cherchait un moyen d’associer cet écosystème à la question de la réappropriation citoyenne des médias. Des membres du collectif, comme Enercoop [un fournisseur coopératif français d’électricité d’origine renouvelable, ndlr], s’y sont notamment associés, et c’est là que le projet a été réfléchi et incubé.

Dans le collectif, dès l’origine, on retrouve quelques médias indépendants, comme l’Âge de faire [un mensuel qui traite d’écologie, de citoyenneté et de solidarité]. Mais le projet a été présenté dans un deuxième temps aux principaux médias indépendants. L’idée, c’est que tout le monde puisse prendre des parts dans la coopérative, tous ceux qui se sentent concernés par ce sujet : un citoyen qui veut soutenir cette cause, une PME qui veut prendre une part sociale, ou un média. A chaque fois, une personne égale une voix.

Quels sont les médias indépendants qui participent à ce projet ?

A ce jour, on compte parmi les sociétaires 20 médias dont Politis, Blast, Médiacités, les Jours, Basta !, Vert, Streetpress, Le Média… Ils s’ajoutent aux dix structures de l’ESS déjà sociétaires comme Enercoop, Attac… A l’origine, on avait un peu peur que le fait qu’on ne vienne pas du milieu des médias les refroidisse. Mais cette initiative a plutôt été très bien reçue de leur côté. Eux-mêmes n’avaient pas forcément eu l’énergie pour monter un projet collectif qui ait une ambition assez forte sur la partie financière, avec une gouvernance partagée pour soutenir leur écosystème, et qui dépasse les simples projets éditoriaux, comme la coproduction d’enquêtes entre plusieurs médias. A la fin, ce n’est pas une initiative par et pour les médias. C’est une initiative avec les médias pour défendre une information plus transparente et pluraliste.