Libération accueille la rédaction de Charlie Hebdo. Entre les deux journaux, les liens sont historiques et multiples, professionnels et amicaux. Immédiatement après l’attentat, nos locaux emblématiques de la rue Béranger (IIIe arrondissement), le «paquebot» comme on l’appelait, deviennent le radeau des rescapés et l’épicentre médiatique de ce qui se joue lors de cette semaine tragique. Chacun à la fois acteur et spectateur de ce moment hors-norme. Nous avons interrogé quelques témoins clés de ces heures «intenses» et «atroces» (mots récurrents). Et si beaucoup parlent d’un «grand brouillard», les souvenirs des uns complètent les blancs des autres, et tissent une histoire collective. Au point que deux des «Charlie» du «numéro des survivants», Coco et Laurent Léger, ont depuis rejoint Libé.
Willy Le Devin, journaliste à Libé (1) : A cette époque, je traîne avec des pigistes proches de Charlie. Fin décembre, à la fin d’une soirée, je ramène Charb, chez lui, en voiture. Je le pose à la station Arts et Métiers, il veut marcher un peu. C’est pas très raccord avec les consignes de sécurité. Je le vanne : «Te fais pas buter hein, sinon je vais avoir des problèmes !» Ça le fait rigoler…
Johan Hufnagel, directeur délégué de