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Authentification

Gérard Depardieu : il n’y a pas eu manipulation des images par «Complément d’enquête»

France Télévisions a demandé à un huissier d’authentifier un passage que la famille de l’acteur et une palanquée de médias de droite estimaient trafiqué. Une théorie qu’avait reprise Emmanuel Macron mercredi soir.
Gérard Depardieu, lors d'une visite dans un haras en Corée du Nord en 2018. (Complement d'enquète/France 2)
publié le 22 décembre 2023 à 13h36

Le passage de l’émission Complément d’enquête dans lequel l’acteur Gérard Depardieu tient des propos obscènes au sujet d’une petite fille faisant du cheval dans un haras de Corée du Nord a été «authentifié» par un huissier de justice, a annoncé vendredi 22 décembre France Télévisions dans un communiqué. Cette réaction intervient après des déclarations du président Emmanuel Macron, mercredi sur France 5, laissant entendre que la séquence avait pu être modifiée au montage, comme l’a également affirmé la famille de l’acteur.

«Face à ces allégations, un huissier de justice, commissaire de justice et audiencier au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, mandaté par France Télévisions, a établi un constat après avoir visionné les images du tournage en Corée utilisées dans cet extrait», peut-on lire sur le site de France Télévisions. Ces «rushs», des images brutes avant montage, proviennent de deux caméras dans le haras, et une troisième caméra tenue par un participant au voyage.

«Contexte d’avalanche de fake news»

«Habituellement, nous ne montrons nos rushs à personne, pas même à la justice, car cela relève du secret des sources. Mais dans ce contexte d’avalanche de fake news dont l’émission Complément d’enquête est victime, nous avons décidé de les montrer exceptionnellement à un huissier de justice pour attester de la rigueur de notre travail», déclare Tristan Waleckx, le présentateur de l’émission, à France Télévisions. .

Le communiqué poursuit : «Dans son procès-verbal, l’huissier constate que tous les propos contestés ont bien été tenus dans le haras, à ce moment-là et, surtout, il indique : «Au cours de cette séquence, je constate qu’à l’exception de la jeune fille, seuls des cavaliers d’apparence masculine entrent en premier plan des caméras.»

Au prétexte de refuser tout «emballement», le chef de l’Etat avait déclaré mercredi soir se méfier du «contexte» «J’ai compris qu’il y avait des polémiques sur des reportages J’ai vu les images. J’ai aussi entendu qu’il y avait des polémiques sur les mots qui étaient en décalage avec les images, […] les gens auront à en débattre», avait lâché Emmanuel Macron sur le plateau de C à vous, provoquant la sidération dans l’équipe de Complément d’enquête.

Thèses colportées par les médias de Vincent Bolloré

Les suspicions présidentielles faisaient écho aux thèses complotistes colportées par les différents médias du très conservateur Vincent Bolloré. Cyril Hanouna, personnage clé de la galaxie du milliardaire breton, qui dézingue Complément d’enquête depuis qu’il a lui-même fait l’objet d’une émission, a martelé qu’il y avait «de gros doutes sur le montage». Trois jours avant l’interview d’Emmanuel Macron, le Journal du Dimanche, tombé lui aussi dans le giron du chef d’entreprise, publiait une tribune dénonçant «la mise en scène» et les «plans de coupe» réalisés par les journalistes de France 2.

Par ailleurs, France Info a révélé jeudi soir que Gérard Depardieu et Emmanuel Macron se sont parlé au téléphone il y a quelques jours. Si l’on ignore la teneur de leurs échanges, ceux-ci ont eu lieu avant que le chef de l’Etat ne défende publiquement l’acteur visé par plusieurs plaintes pour viol ou agression sexuelle dans l’émission C à vous.