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Dessin de presse : Ann Telnaes, une caricaturiste américaine en lutte contre la censure

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En poste depuis 2008 au sein du «Washington Post» avant son départ en janvier, celle qui fut lauréate du prix Pulitzer revient pour «Libération» sur les conditions de sa démission du titre détenu par Jeff Bezos, et sur la situation critique du dessin de presse aux Etats-Unis.
Un brouillon du dessin rejeté d’Ann Telnaes. (Ann Telnaes)
publié le 20 mars 2025 à 20h29

C’était le 4 janvier : la dessinatrice Ann Telnaes annonçait sa démission du Washington Post pour lequel elle travaillait depuis dix-sept ans. En cause : la censure, par sa rédaction en chef, d’une proposition de dessin. Celui-ci montrait divers milliardaires de la tech, dont Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon et propriétaire du Post, s’agenouillant en présentant des sacs de dollars à une statue gigantesque de Donald Trump. «Il est arrivé par le passé que certains de mes croquis soient rejetés ou que des corrections soient requises, mais jamais que le point de vue au cœur du dessin soit remis en cause, écrivait-elle alors sur la plateforme Substack. Cela change tout, et me semble dangereux pour la liberté de la presse.»

A l’époque, le rédacteur en chef des pages Opinions David Shipley s’était justifié en évoquant une «répétition» du sujet du cartoon avec d’autres éditoriaux présents dans leurs pages. «Ce n’était pas convaincant, juge aujourd’hui auprès de Libération Ann Telnaes, jointe par FaceTime depuis la côte Ouest des Etats-Unis. Et moi, je n’avais encore jamais traité de ce sujet dans un de mes dessins.» Après plusieurs départs au sein du Post à l’automne, à la suite de la décision de Bezos que le journal ne soutienne publiquement aucun candidat à la présidentielle, sa démission a provoqué un large mouvement de