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Litige

Droit voisin : une cinquantaine d’éditeurs de presse assignent Microsoft en justice

Le géant du numérique américain est accusé de ne pas rémunérer les groupes de presse pour utiliser leur contenu. L’Alliance pour la presse d’information générale a déposé un recours en justice ce vendredi 8 novembre pour que Microsoft se conforme à la loi.
Ouest-France fait partie des groupes de médias assignant Microsoft en justice pour ne pas avoir payé les droits voisins. (Magali Cohen/Hans Lucas.AFP)
publié le 8 novembre 2024 à 16h46

C’est un nouvelle épisode dans le bras-de-fer entre la presse et les GAFAM. Une cinquantaine d’éditeurs de presse, principalement régionaux, ont annoncé ce vendredi 8 novembre avoir déposé un recours en justice contre le géant américain Microsoft, afin qu’il les paye pour utiliser leurs publications selon le principe des «droits voisins». Au total, plusieurs millions d’euros sont réclamés par des titres de groupes comme Ouest-France ou Ebra (Est-Bourgogne-Rhône-Alpes), dans une série d’assignations déposées au tribunal judiciaire de Paris pour «contrefaçon».

Un communiqué de l’Apig, l’Alliance pour la presse d’information générale, explique que «ces démarches visent à obtenir qu’un acteur majeur du numérique, qui utilise depuis près de cinq ans des millions de contenus de presse sans autorisation, se conforme enfin» à la loi. Les droits voisins du droit d’auteur ont été institués pour les plateformes numériques en 2019 par une directive européenne. Ils permettent aux journaux, magazines ou agences de presse de se faire rémunérer lorsque leurs contenus sont réutilisés par les géants du numérique.

Google déjà condamné pour ne pas avoir respecté ses engagements

Or d’après l’Apig, «malgré des demandes réitérées des éditeurs en ce sens depuis plusieurs années», Microsoft, son réseau social professionnel LinkedIn et son moteur de recherche Bing se dérobent à «l’obligation de transmission de données, indispensable à une négociation de bonne foi» sur la rémunération de ces droits voisins. Dans ce dossier au long cours des droits voisins, des accords-cadres avaient été signés en octobre 2021 avec Meta, propriétaire de Facebook, et en mars 2022 avec Google, au terme d’une longue bataille. Ils ont permis à chacun des médias membres de l’Apig de négocier directement avec les plateformes et des renégociations sont en cours.

Mais en mars dernier, l’Autorité de la concurrence a infligé une amende de 250 millions d’euros à Google, reprochant au géant américain de ne pas avoir respecté certains des engagements pris en 2022. «Il est essentiel que les autres grandes plateformes numériques se conforment elles aussi à la loi» car «le respect des droits voisins représente un enjeu vital pour la survie et l’indépendance des médias d’information et le financement du journalisme professionnel», souligne l’Apig, qui regroupe au total près de 300 titres d’information quotidienne nationale, régionale et locale.