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Poker menteur

Droits télé : aucune offre retenue, la Ligue de football passe aux négociations de gré à gré

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Les offres des diffuseurs potentiels du championnat français n’ont pas atteint le minimum fixé lors du tour d’enchères mardi. Après cet appel d’offres infructueux, la LFP a précisé que le «processus de commercialisation» allait quand même se poursuivre.
Aucune offre des droits télé de la Ligue 1 n'a été retenue pour la période 2024-2029 à l’issue des enchères, a annoncé la Ligue de football professionnel le 17 octobre. (Matthieu Mirville/DPPI.AFP)
publié le 17 octobre 2023 à 17h45

Pas de vainqueur, mardi 17 octobre, dans le poker menteur autour des droits de diffusion du football français. «Aucun des cinq lots» des droits télé de la Ligue 1 pour la période 2024-2029 n’a en effet été attribué à l’issue des enchères, a annoncé la Ligue de football professionnel (LFP) dans un communiqué. Celle-ci précise tout de même que le «processus de commercialisation» va se poursuivre. C’était plus ou moins prévu : dans son ambition de viser le milliard d’euros de droits de diffusion au total, la LFP avait fixé à 825 millions d’euros par an le montant minimum pour acquérir la diffusion en France de la Ligue 1 (auxquels s’ajouteraient 200 millions d’euros de droits de diffusion à l’étranger). Un montant qui se découpait comme suit : 530 millions d’euros pour le lot 1, soit les deux plus belles affiches de chaque journée, 270 millions d’euros pour le lot 2, les six autres matches.

Ambitieux, sachant que les droits pour la période actuelle (avec leur diffusion par Amazon et Canal +) ne s’élèvent qu’à 624 millions d’euros annuels. Et maintenant ? Des négociations de gré à gré entre la LFP et les médias intéressés vont désormais commencer, et pourraient durer plusieurs semaines.

Tactique et comédie

Il faut dire que la pression concurrentielle dans ces enchères était considérablement affaiblie par le retrait très commenté de Canal +, annoncé fin septembre par une lettre de son patron Maxime Saada au boss de la LFP, Vincent Labrune. La filiale du groupe Vivendi de Vincent Bolloré estime avoir été maltraitée ces dernières années par la Ligue, cette dernière rechignant, selon Canal, à réévaluer à la baisse le montant de ses droits à l’aune de ceux récupérés au rabais par Amazon, après le désastre Mediapro. «Vous n’avez eu de cesse de pénaliser Canal + dans l’exploitation de ses droits», déclarait ainsi Saada, accusant plus loin Vincent Labrune de vouloir faire échouer l’appel d’offres lancé le 12 septembre «pour se libérer de la contrainte juridique» et ensuite négocier les droits de manière discrétionnaire directement avec Amazon.

Soit, à peu près, le scénario qui semble se dessiner ce mardi. Selon les informations de RMC, le groupe franco qatarien BeIn Sports et la plateforme britannique DAZN, nouvelle venue, ont bien déposé des offres pour acquérir les droits du foot français. Sans, toutefois, atteindre le prix de réserve fixé par la LFP. Ils pourront négocier directement avec la Ligue désormais. De son côté, Amazon n’aurait pas pris part à ces enchères, toujours selon RMC. Un retrait stratégique : la plateforme de Jeff Bezos attendrait en effet elle aussi les négociations de gré à gré. Comme prédit par Canal +, qui s’est par ailleurs gentiment moqué de cette comédie des droits télé, en publiant sur les réseaux sociaux un spot de promotion pour les compétitions sportives qu’il diffuse actuellement : «Toutes les compétitions majeures sont ici, en intégralité, et pour longtemps.»