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Libération
«Choix pragmatique»

En Suisse, Gérard Depardieu n’a plus droit de cité à la télévision publique

Dans le sillage du documentaire de «Complément d’Enquête» et des plaintes pour violences sexuelles déposées contre l’acteur français, la RTS a décidé de mettre de côté certains films où il tenait un des rôles principaux.
La décision de suspendre la diffusion sur la RTS des films dans lesquels l’acteur français tient un des rôles principaux est «un choix pragmatique, que nous réexaminerons en fonction des évolutions de la situation, sans calendrier fixé d’avance et dans le respect de la procédure en Justice», a indiqué Marco Ferrara, porte-parole de la télévision publique. (Franck Castel/ABACA)
publié le 31 décembre 2023 à 17h22

Deux salles, deux ambiances, de part et d’autre des Alpes. Pendant que certains – même avec des regrets de plus en plus nombreux – appellent en France à ne pas «effacer Gérard Depardieu» d’autres, en Suisse, décident d’écarter l’acteur de l’antenne. Dans le sillage du documentaire de Complément d’Enquête, consacré à Depardieu et dans lequel on le voit multiplier les insultes misogynes et les propos obscènes y compris envers une fillette, «la RTS évite de proposer des films où il incarne un des rôles principaux», a déclaré à l’AFP Marco Ferrara.

«Un ou deux longs métrages ont ainsi été mis de côté en cette période de fêtes», a-t-il dénombré en justifiant «lorsque nous sentons que le public peut se sentir majoritairement heurté par une œuvre ou une personnalité jusque-là acceptée, nous l’écartons ponctuellement de notre programmation».

Défendu par Emmanuel Macron, l’acteur de 75 ans est visé par trois plaintes pour viols et agressions sexuelles, et est mis en examen pour viols en 2020, à la suite d’une plainte d’une comédienne d’une vingtaine d’années, Charlotte Arnould. Il réfute ces accusations. Parmi les deux autres plaintes, l’une pour agression sexuelle a été déposée par la comédienne française Hélène Darras pour des faits a priori prescrits et l’autre en Espagne par une journaliste, Ruth Baza, l’accusant d’un viol en 1995.

«Au service de l’intérêt du public»

La décision de suspendre la diffusion sur la RTS des films dans lesquels l’acteur français tient un des rôles principaux est «un choix pragmatique, que nous réexaminerons en fonction des évolutions de la situation, sans calendrier fixé d’avance et dans le respect de la procédure en Justice», a indiqué Marco Ferrara.

«En tant que média de service public, nous devons veiller à rester en marge des parties impliquées et ne pas porter de jugement : nous nous limitons à agir au service de l’intérêt du public, ce qui inclut aussi son appétence ou, au contraire, son rejet envers une œuvre», avance-t-il prudemment.

«Au-delà de cette évaluation qualitative», a ajouté le porte-parole de la RTS, «nous avons récemment organisé un vote du public pour le film de Noël et, parmi les options figurait une œuvre avec Gérard Depardieu, que le public lui-même a décidé de ne pas retenir, alors que le contexte d’actualité concernant l’acteur était connu».

La contre-offensive médiatique prend également de l’ampleur en France. La tribune de défense des victimes de violences sexuelles dénonçant les personnalités venues au secours de l’acteur français, publié sur le site Cerveaux non disponibles en réponse à celle ayant trouvé place dans les pages du Figaro, a dépassé les 2 500 signatures.