Menu
Libération
Justice

Enquête ouverte en France contre le réseau social X pour ingérence étrangère

La procureure de Paris a annoncé, ce vendredi 11 juillet, l’ouverture d’une enquête visant la plateforme d’Elon Musk et ses dirigeants, suspectée de «biaiser le débat démocratique en France» par l’exposition de ses contenus haineux.
Le réseau social Twitter a été racheté et renommé par le milliardaire Elon Musk en 2022. (Silas Stein/DPA. AFP)
publié le 11 juillet 2025 à 15h50

Les nébuleux algorithmes de X étaient déjà sur les radars de la justice française. Mais celle-ci va désormais se pencher sur leur impact pour la vie démocratique de notre pays. La section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris a ouvert mercredi une enquête visant le réseau social et ses dirigeants, suspectés d’avoir biaisé l’algorithme de la plateforme à des fins d’ingérence étrangère, a annoncé ce vendredi 11 juillet la procureure de Paris, Laure Beccuau.

Une enquête a été confiée à la gendarmerie nationale contre le réseau X, en tant que personne morale, et contre les «personnes physiques» qui la dirigent, souligne la procureur dans un communiqué, sans citer le nom de son propriétaire, Elon Musk, multimilliardaire également patron de Tesla et ex-cost killer de l’administration Trump.

Cela intervient après deux signalements reçus le 12 janvier, qui «faisaient état de l’utilisation supposée de l’algorithme de X à des fins d’ingérence étrangère», détaille le ministère public.

Le premier provenait du député macroniste des Côtes-d’Armor spécialiste de ces questions, Eric Bothorel. Il alertait le parquet sur «les récents changements d’algorithme de X, ainsi que les ingérences apparentes dans sa gestion depuis son acquisition par Elon Musk» en 2022.

Il soulignait une «réduction de la diversité des voix et des options», une plateforme qui s’éloigne d’un objectif de «garantir un environnement sûr et respectueux à tous», un «manque de clarté quant aux critères qui ont conduit aux changements d’algorithmes et aux décisions de modération», ainsi que des «interventions personnelles d’Elon Musk dans la gestion de sa plateforme», soit «un véritable danger et une menace pour nos démocraties».

«Enormément de contenus politique haineux»

Selon les informations du Canard enchaîné en février, le second signalement provenait d’un directeur de cybersécurité dans la fonction publique qui avait de son côté signalé «une modification majeure dans l’algorithme utilisé par la plateforme X qui propose aujourd’hui énormément de contenus politique haineux, racistes, anti-LGBT +, homophobes et qui visent donc à biaiser le débat démocratique en France».

Le parquet, qui avait confirmé début février étudier ces signalements, a déclaré ce vendredi dans son communiqué avoir ouvert cette procédure «sur le fondement de vérifications, de contributions de chercheurs français et d’éléments apportés par différentes institutions publiques».

L’enquête a été confiée à la Direction générale de la gendarmerie nationale, et porte «notamment» sur les infractions suivantes : altération du fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée, ainsi qu’extraction frauduleuse de données d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée.

Le patron de X France, Laurent Buanec, avait assuré le 22 janvier sur son réseau social que «X a des règles strictes, claires et publiques visant à protéger la plateforme des discours de haine», «lutte contre la désinformation» et que son algorithme «est construit de manière à éviter de vous proposer des contenus de type haineux.»

La Commission européenne a déjà lancé en décembre 2023 des investigations pour des soupçons de manipulation des algorithmes destinés à rendre plus visibles les messages d’Elon Musk ou de la droite radicale.