Des vacances pour Hanouna mais pas pour la machine à idées d’extrême droite de Bolloré. Le journaliste Eliot Deval, venu de CNews et parfois présenté comme un «mini-Pascal Praud», va prendre la relève de l’animateur vedette sur Europe 1, de 16 heures à 18 heures, dès lundi 1er juillet, et «pendant les deux prochaines semaines». La station l’a annoncé vendredi dans un communiqué. Elle explique vouloir rester «mobilisé [e] sur l’actualité politique et donne [r] la parole à ses auditeurs». Eliot Deval, «entouré d’invités et de chroniqueurs», sera chargé de «décrypter […] les résultats et enjeux de cette élection [législative]».
Plus d'On marche sur la tête. C'est le mini-Praud Eliot Deval qui reprend la case de Cyril Hanouna sur Europe 1 pour deux semaines. L'émission respectera-t-elle les obligations d'«honnêteté» et de «mesure» de la radio pour ainsi éviter une amende de l'Arcom ? Suspense. pic.twitter.com/fSRHdWmh20
— Adrien Franque (@AdrienFranque) June 28, 2024
Prendra-t-il exemple sur son prédécesseur ? Cyril Hanouna et Europe 1, qui avaient improvisé ces deux dernières semaines une émission politique nommée On marche sur la tête, ont été mis en demeure jeudi soir par l’Arcom pour leur manque de «mesure» et d’«honnêteté» dans le traitement de l’information. Le régulateur des médias a notamment estimé que «l’actualité électorale de La France insoumise et du Nouveau Front populaire», y «a été traitée de manière systématiquement critique et virulente, en des termes souvent péjoratifs et outranciers». Par ailleurs, l’Arcom juge que le traitement «a été largement univoque, la plupart des invités, dont une grande majorité sont issus du même courant politique, ayant tenu des propos convergents» vers les idées de droite et d’extrême droite. Entre le 17 et 26 juin, pendant les dix émissions d’Hanouna diffusées sur Europe 1, 16 invités sur 29 «représentaient ou soutenaient les partis relevant du bloc d’extrême droite, contre 7 issus de la majorité présidentielle et 2 issus du Nouveau Front populaire», met en avant l’Arcom.
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L’arrivée d’Eliot Deval est une énième illustration des ponts créés par Vincent Bolloré entre ses différents médias (C8, CNews, Europe 1, le JDD…), qui partagent têtes d’affiche et idées invariablement tournées vers «l’union des droites». Deux ex-chroniqueurs de CNews, Pierre Gentillet et Guillaume Bigot, sont ainsi candidats RN aux législatives. Le trentenaire Eliot Deval ne fait pas exception, lui qui sert de remplaçant à Pascal Praud sur CNews, et coanime déjà le samedi matin sur Europe 1 une émission avec Philippe de Villiers et Geoffroy Lejeune, le directeur de la rédaction du JDD.
Ce samedi matin, Deval, qui animait l’Heure des pros sur CNews, était – période de réserve électorale oblige – contraint à une certaine retenue, lui qui avait par exemple dénoncé le 15 juin «le Front populaire mélenchonisé» contre «l’union nationale» menée par le RN. Qu’à cela ne tienne, l’animateur a quand même trouvé le moyen de rester dans sa ligne passéiste et réactionnaire, vantant dans son «éditorial» introductif les mérites du Tour de France : une «ode à nos terres, à nos villages, à ces clochers qui nous rappellent notre histoire», «une dose quotidienne de patriotisme», «un amour bleu blanc rouge». Sur Europe 1, le «décryptage» de l’actualité politique de ces deux prochaines semaines est décidément entre de bonnes mains.