Un allongement aux airs de petite révolution. À partir du lundi 9 septembre, le journal télévisé du 20 heures de France 2 va être allongé pour durer une heure, a annoncé ce mercredi 4 septembre France Télévisions lors de sa conférence de rentrée. «A partir de la semaine prochaine, vous retrouverez entre 20 h 00 et 21 h 00 une heure d’info», a déclaré le directeur de l’information du groupe public, Alexandre Kara. Ce rendez-vous d’information nouveau format englobera notamment le journal de la météo et du climat. Jusqu’à présent, sur la chaîne publique, le 20 heures durait entre 35 et 40 minutes.

«On va donner plus de temps au 20 heures car c’est plus que jamais nécessaire dans l’environnement complexe qui est le nôtre», a argumenté Alexandre Kara, selon qui il est «vital» de «prendre le temps de l’information» : «On ne va pas choisir de traiter plus en nombre d’informations, mais de mieux les traiter». De son côté, Delphine Ernotte Cunci, la présidente de France Télévisions a souligné que «cela va sans doute à contre-courant d’une époque faite de raccourcis». Selon elle, «l’exigence des Français pour comprendre et décrypter le monde est décuplée».

«C’est la fin d’un modèle qui s’est imposé dans les années 90, note ce mercredi le sociologue des médias Jean-Marie Charon auprès de Libé. Celui de l’information très dense dans un temps limité, avec des sujets très courts». D’après lui, ce tournant stratégique de la part de la chaîne et du groupe public résulte de l’utilisation des réseaux sociaux et de l’évolution de leurs usages.

«Dans un 20 heures, actuellement, on n’apprend plus rien au téléspectateur». Selon le sociologue, l’actualité est déjà présente de manière factuelle sur les différentes plateformes. «Si vous continuez à être sur du factuel et des formats courts, vous donnez l’impression de vous répéter», explique-t-il. Il note que les médias, de manière générale, sont critiqués sur la «redondance» de leurs propositions éditoriales et le fait de «remouliner des choses que le public sait déjà».

D’après Jean-Marie Charon, le factuel «brut» est par ailleurs «de plus en plus englué dans un fatras d’éléments de langages» des communicants, «dont un certain nombre se révèle faux». Le public serait donc dans l’attente d’une vraie valeur ajoutée de la part des médias traditionnels. Il relève le besoin de «remise en perspective» et de «fact-checking» de l’information.

C’est a priori la volonté affichée par France Télévision avec cette nouvelle formule du 20 heures de France 2 - elle reste présentée en semaine par Anne-Sophie Lapix et le week-end par Laurent Delahousse. Cet allongement «ne veut pas dire qu’on va perdre du rythme», a assuré la présentatrice, qui promet «des reportages longs pour prendre le pouls de la société», mais aussi «plus d’enquêtes». «L’idée c’est d’allonger les sujets quand c’est nécessaire», avec des reportages à l’appui et «plus de monde sur le plateau», comme «des experts et des journalistes spécialistes», a détaillé le directeur de l’information de France Télévision. «l’idée, c’est de ne pas laisser seuls les gens face à une info qui est parfois complexe et souvent indigeste». Selon lui, il y aura «deux tournures» de ce nouveau JT, «une plutôt semaine» du lundi au jeudi, et une «plutôt week-end» du vendredi au dimanche, où la deuxième partie sera consacrée à des sujets magazines.

L’allongement du 20 heures de France 2 ne retardera pas la diffusion des programmes suivants, voire pourrait l’avancer par rapport à ce qu’elle est actuellement, a par ailleurs assuré le groupe public. Le fait que les soirées commencent après 21 heures sur l’ensemble des chaînes du paysage audiovisuel français est un motif récurrent de mécontentement chez les téléspectateurs. «Le prime time démarrera bien à 21 h 05», a ainsi promis le numéro 2 de France Télévisions, Stéphane Sitbon-Gomez. Selon lui, «la place supplémentaire» a été dégagée par le passage du feuilleton quotidien «Un si grand soleil» sur France 3, alors qu’il était auparavant diffusé sur France 2 à 20 h 40 juste après le JT.