Les printemps sont toujours mouvementés à France Inter. Cette fois, l’information, qui a circulé tout le week-end à la faveur d’un papier mercato du Parisien, a surpris beaucoup de monde en interne. Avant d’être officialisée lundi matin : le directeur de l’information de la station, Marc Fauvelle, va bien rejoindre prochainement BFMTV. Il y animera un «nouveau rendez-vous d’information» encore indéfini, a confirmé la chaîne dans un communiqué. C’est l’occasion d’un retour à l’antenne pour le journaliste de 48 ans qui fut durant cinq ans matinalier de France Info.
«Il y a de la sidération, ça ne faisait même pas deux ans qu’il était là, réagit un membre de la rédaction de France Inter. Et il y a de la colère aussi, de voir ces gens se barrer alors que l’audiovisuel public est dans l’œil du cyclone.» Une référence au projet de réforme porté par Rachida Dati, dont le texte est inscrit à l’agenda parlementaire pour le 10 avril. Selon nos informations, les syndicats de Radio France vont poser un préavis de grève le 1er avril pour signifier leur opposition à ce projet. De son côté, en comité de rédaction, lundi à 15 heures, Marc Fauvelle a justifié son choix de quitter la station par un certain épuisement dans un rôle de directeur de l’information qui ne lui convenait pas tellement, et par la volonté de reprendre l’antenne avec la présidentielle de 2027 dans le viseur.
Recrutements tous azimuts à prévoir à BFMTV
A BFMTV, il retrouvera surtout son ancien patron à France Info, Jean-Philippe Baille, désormais directeur de l’information du groupe RMC-BFM. Le directeur général de BFMTV, Fabien Namias, s’est, lui, réjoui dans un communiqué de l’arrivée d’un «repère solide» avec une «grande expérience de présentateur» et une «fine connaissance de l’actualité». Le recrutement de Marc Fauvelle fait partie d’une offensive de la chaîne d’info pour débaucher de nouvelles incarnations, dans la foulée de son rachat par le milliardaire marseillais Rodolphe Saadé. Une clause de cession (un mécanisme qui permet aux journalistes de quitter leur entreprise avec des indemnités en cas de changement d’actionnaire), ouverte à l’automne, avait ainsi conduit au départ de plusieurs dirigeants et figures de l’antenne. Une opération de recrutement tous azimuts – pour une chaîne qui a vu CNews lui passer devant niveau audiences – qui devrait continuer d’animer le mercato télé dans les semaines à venir.
La patronne de France Inter, Adèle Van Reeth, a appris, elle, la nouvelle du départ de Marc Fauvelle en s’enquérant auprès de lui de son avis sur le transfert d’un autre membre de la direction : Jonathan Curiel. Directeur des programmes de la station depuis à peine un an, ce dernier a annoncé vendredi reprendre les rênes des radios du groupe RTL. En réalité, il s’agit d’un retour : le dirigeant de 44 ans avait fait cela l’essentiel de sa carrière dans le groupe M6, à Paris Première puis à la direction des programmes de M6, avant de rejoindre la station publique en mars 2024. Il aura donc la lourde tâche d’essayer de remonter les audiences de RTL, passée troisième station derrière France Info, tout en intégrant au mieux (si son arrivée est maintenue) Cyril Hanouna du côté de Fun Radio. Les journalistes du groupe ont fait savoir qu’ils seraient «vigilants» quant aux potentielles dérives de l’animateur sur leurs antennes.
«Fatigue des recrutements externes»
A la direction de France Inter, on évoque un «collectif assez sonné» après ces annonces, mais aussi «serein», en rappelant que la station en a vu d’autres, notamment lors des départs conjugués, en 2017, du directeur des programmes Emmanuel Perreau et du matinalier Patrick Cohen pour Europe 1. Des transferts qui n’avaient pas entamé la hausse continue des audiences d’Inter. Adèle Van Reeth va désormais s’atteler au remplacement des deux partants. L’actuel directeur de la rédaction, Rémi Sulmont, et son adjointe, Anne Soëtemondt, assureront l’intérim à la direction de l’information.
Dans la rédaction, on redoute une nouvelle embauche issue du privé : «Il y a une certaine fatigue de ces recrutements externes à Radio France, avec cette idée que les personnes recrutées seraient meilleures que les solutions qu’on pourrait avoir en interne, explique un membre de la rédaction. Ce sont des gens que l’on doit former à nos méthodes de travail, et pour qui Radio France est une étape dans leur carrière. Ils repartent et ne sont pas là pour nous défendre. En attendant, c’est la base, la rédaction, qui tient la baraque.» Côté programmes, Adèle Van Reeth devra aussi bûcher dans les semaines qui viennent sur la prochaine grille de rentrée, avec quelques points d’interrogation autour de la matinale notamment. L’occasion de nouveaux remous ?