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Libération
Rappel à l'ordre

France Télévisions écarte cinq journalistes de la campagne électorale pour avoir pris position

Pour avoir appelé à faire «front commun contre l’extrême droite», cinq journalistes de France 3 édition nationale sont mis en retrait jusqu’à la fin de la campagne des législatives. La Société des Journalistes de France Télévisions a affirmé dans la foulée que le rôle de ses membres n’était pas d’appeler à voter pour «tel ou tel parti».
(Riccardo Milani/Hans Lucas.AFP)
publié le 21 juin 2024 à 22h04

Devoir de neutralité. Cinq journalistes de la rédaction ont été «mis en retrait» jusqu’au 8 juillet par leur direction, pour avoir signé une tribune appelant à faire «front commun contre l’extrême droite». Ces cinq journalistes «ne traitent plus des sujets qui couvrent la campagne» électorale, mais ils «sont au planning», a précisé France TV, qui leur reproche de ne pas s’être conformés au guide des pratiques professionnelles prônant la neutralité politique.

Mercredi, ces cinq membres qui se revendiquent de la Société des journalistes (SDJ) de France 3 rédaction nationale, avaient signé, à ce titre, une tribune de 90 médias, dont Mediapart ou L’Humanité. Cette tribune appelait à faire «front commun» contre l’extrême droite qui menace, selon les signataires, «la liberté de la presse». Les signataires s’engageaient «par nos initiatives éditoriales, et sans jamais renoncer à notre regard critique, à soutenir la mobilisation sociale et citoyenne en cours, qui fait écho à la dynamique antifasciste de Front populaire de 1936 dans sa capacité à déborder les cadres partisans. Nous considérons qu’elle seule est à même d’empêcher le RN d’accéder au pouvoir le 7 juillet».

«Il en va de l’image d’impartialité des rédactions de France Télévisions»

«Cet appel au vote s’avère incompatible avec le traitement de la campagne électorale sur l’ensemble des supports de France Télévisions», est-il notifié aux intéressés, selon le courrier de la direction dont l’AFP a eu copie. «Il en va de l’image d’impartialité des rédactions de France Télévisions», ajoute le courrier.

Jointe par Libération, Carine Fouteau, directrice de la publication de Mediapart, exprime «tout son soutien» aux cinq journalistes. «Il est paradoxal et inquiétant, alors que le RN est aux portes du pouvoir qu’ils aient été sanctionnés alors qu’ils exprimaient leur attachement à la liberté de la presse», écrit-elle. Pour Carine Fouteau, ce texte «inscrit nos médias dans la mobilisation sociale et citoyenne en cours» mais «à distance des partis».

La direction de France Télévisions précise de son côté que la SDJ de France 3 rédaction nationale n’est plus représentative depuis la fusion des rédactions. La SDJ de la rédaction nationale de France Télévisions, qui regroupe des journalistes de France 2 et France 3, avait d’ailleurs indiqué, sur le réseau social X, avoir «été sollicitée», mais ne pas avoir souhaité «signer cette tribune». Elle considère également que son rôle n’est pas d’appeler à «voter pour tel ou tel parti».

L’avenir de France Télévision est l’un des enjeux de cette campagne électorale. L’extrême droite souhaite privatiser l’audiovisuel public quand le gouvernement actuel avait prévu de fusionner la télé et la radio publiques.