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Fréquences TNT : dix jours d’auditions devant l’Arcom, C8 et CNews dans le viseur

L’autorité de régulation de l’audiovisuel a commencé ce lundi 8 juillet une phase de grands oraux des candidats aux fréquences de la TNT, alors que le sort réservé aux chaînes des médias Bolloré sera particulièrement scruté.
Sanctionnées à de multiples reprises, C8 et CNews garderont-elles leur fréquence télé ? Le verdict est attendu fin juillet. (Jean-Marc Barrere/Hans Lucas)
publié le 8 juillet 2024 à 10h08

La procédure ne donnera-t-elle lieu qu’à un «renouvellement automatique», comme le prédisait Xavier Niel au printemps lors d’auditions devant l’Assemblée nationale ? A partir de ce lundi, l’Arcom auditionne les 24 candidats qui se présentent pour les 15 canaux de télévision numérique terrestre (TNT) remis en jeu depuis le printemps. La question principale : sanctionnées à de multiples reprises, C8 et CNews garderont-elles leur fréquence télé ? Le verdict est attendu fin juillet.

Après avoir reçu les projets et clos l’appel à candidatures le 15 mai, le régulateur de l’audiovisuel entend les postulants jusqu’au 17 juillet. C’est Gulli, la chaîne pour enfants du groupe M6, qui a ouvert le bal lundi à 9 heures. Parmi les candidats figurent d’éventuels nouveaux entrants : le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (dont le projet sera présenté le 16 juillet), les groupes Ouest-France (même date) et l’Express (15 juillet) ou la webtélé de gauche radicale Le Média (12 juillet).

L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Mais c’est le sort de C8 et CNews, chaînes dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, qui attire tous les regards. La première a reçu une pluie de sanctions de l’Arcom à cause des dérapages de son animateur vedette, Cyril Hanouna. Ses responsables seront auditionnés mardi matin. La deuxième est régulièrement accusée de promouvoir des opinions d’extrême droite, ce qu’elle conteste. Son audition est prévue le 15 juillet. Leur cas a largement occupé les débats de la commission d’enquête parlementaire sur les fréquences TNT en début d’année. Son rapporteur, Aurélien Saintoul (LFI), «ne comprendrait pas que les chaînes CNews et C8 puissent se voir en l’état renouveler leurs autorisations de diffusion», avait-il écrit dans son bilan, publié mi-mai.

Plus de 7,5 millions d’euros d’amendes

«Nous avons très peu de doutes sur notre renouvellement puisque nous répondons à tous les critères», a pour sa part assuré Serge Nedjar, directeur général de CNews, début juin à l’AFP. Emmenée par ses vedettes Pascal Praud, Laurence Ferrari ou Sonia Mabrouk (actuellement en congés et qui reviendra à la rentrée), la chaîne a marqué des points symboliques en pleine procédure de renouvellement. A deux reprises, en mai puis juin, elle a ravi à BFMTV la place de leader des chaînes d’information en continu (en parts de marché), ce qui n’était jamais arrivé jusque-là.

Pour sa part, C8 a reçu ces dernières années un total de plus de 7,5 millions d’euros d’amendes en raison des polémiques provoquées par sa vedette, l’animateur-producteur controversé Cyril Hanouna. La plus grosse partie de ce total vient d’une amende record de 3,5 millions d’euros en février 2023, à cause d’insultes lancées par Cyril Hanouna au député LFI Louis Boyard dans l’émission Touche pas à mon poste. La dernière amende en date, de 50 000 euros, remonte à mi-juin. En cause, une émission où des personnes handicapées étaient présentées à tort comme des toxicomanes accros à la «drogue du zombie».

Entendu en mars par la commission d’enquête parlementaire, Cyril Hanouna s’était présenté en champion d’une télé «populaire» et avait dénoncé un «acharnement» contre ses émissions. Fin juin, il a valu une mise en demeure de l’Arcom à un autre média dans le giron de Vincent Bolloré, la radio Europe 1. Le régulateur a pointé un traitement «largement univoque» de l’actualité électorale dans une émission temporairement présentée par l’animateur avant les législatives, avec une surreprésentation de l’extrême droite. Comme C8 et CNews, toutes les chaînes sortantes postulent au renouvellement de leur fréquence. C’est par exemple le cas de BFMTV, récemment rachetée par l’armateur CMA CGM.