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Contre-temps

Fusion de l’audiovisuel public : l’examen du texte de loi reporté, les salariés devant le ministère de la Culture

L’examen par l’Assemblée du projet de loi visant à fondre les médias de l’audiovisuel public dans l’entité «France Médias» est reporté, ce jeudi 23 mai, en raison d’un ordre du jour déjà trop chargé. En parallèle, 72 % des journalistes de Radio France sont en grève selon leur syndicat.
L'examen du projet de loi qui devait aboutir à la fusion des médias audiovisuels, a été reporté ce jeudi 23 mai. (Cha Gonzalez/Libération)
par LIBERATION, AFP et photo Cha Gonzalez
publié le 23 mai 2024 à 13h16
(mis à jour le 23 mai 2024 à 13h59)

Léger répit pour les syndicats de l’audiovisuel public. L’examen par l’Assemblée du projet de loi visant à fondre les médias de l’audiovisuel public dans l’entité «France Médias» est reporté en raison d’un ordre du jour déjà trop chargé, a appris l’AFP auprès du ministère des Relations avec le Parlement, ce jeudi 23 mai. La grogne des salariés se fait entendre depuis plusieurs jours, avec la multiplication de tribunes dans les médias (Libération à deux reprises, Le Monde) et une grève massive entamée ce jour-ci à Radio France, France Télévisions, France Média Monde, l’Institut national de l’audiovisuel et TV5 Monde. D’après le Syndicat national des journalistes de Radio France, «près de 3 journalistes sur 4 étaient en grève ce matin».

Cette grève se faisait, à l’origine, en concomitance avec l’examen par l’Assemblée nationale de la proposition de loi portée par la ministre de la Culture Rachida Dati. La décision du report a été formalisée par l’envoi d’une lettre à la présidente de l’Assemblée, actant son retrait de l’ordre du jour de la semaine, déjà bien rempli par l’examen du projet de loi agricole. Le projet de fusion pourrait n’être examiné qu’en juin au plus tôt, la suite de l’agenda de la chambre basse étant consacré au projet de loi fin de vie jusqu’aux Européennes.

Malgré cette accalmie législative, la grève des journalistes et des salariés de l’audiovisuel public doit se poursuivre au moins jusqu’au vendredi 24 mai à 23 h 59. Des manifestations sont également toujours prévues par les organisations syndicales. Dans la capitale, un «rassemblement pour défendre l’audiovisuel public et l’indépendance de France Média Monde» est notamment organisé à 13 h 30 devant le ministère de la Culture, Place Colette, dans le premier arrondissement de Paris.

Les antennes de Radio France sont perturbées et les émissions habituelles ont été remplacées par de la musique. Aux quatre coins de la France, les locales se mobilisent au Mans, à Caen, Amiens ou encore Toulouse. D’après le SNJ, «les trois quarts des 44 antennes de France Bleu sont perturbées ce jeudi». Côté télévision, la chaîne Franceinfo a rediffusé des programmes. Quant au sort de France Médias Monde, il ne paraît pas tranché. Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a affirmé que le gouvernement était finalement pour son exclusion de l’entreprise unique.

Ce projet de fusion, porté par Rachida Dati, doit se faire en deux temps, avec la création de la holding «France Médias» début 2025 puis la fusion des médias en 2026. Un calendrier très restreint qui concerne quelque 16 000 salariés. Les journalistes et les syndicats dénoncent unanimement «une proposition de loi dangereuse» et «un texte trompeur» qui risque «d’uniformiser et d’appauvrir l’information». La ministre de la Culture a assuré dimanche : «Je veux vous garantir non seulement une pérennité mais votre force» dans un univers de «concurrence exacerbée», entre plateformes et réseaux sociaux. «Evidemment, on ne va uniformiser ni les métiers, ni les activités», a-t-elle rappelé mercredi devant le Sénat.

La création de cette société géante, dotée d’un budget de quatre milliards d’euros, est clivante sur les bancs de l’Assemblée. Les élus RN - favorables à une privatisation pure et simple de l’audiovisuel public - soutiennent ce projet de fusion. Privatiser ? Le patron de LR Éric Ciotti n’a «pas de tabou» non plus. De son côté, la gauche torpille holding comme fusion. LFI voit dans ce projet «l’aboutissement du dénigrement et de l’affaiblissement» du service public opéré par Emmanuel Macron. «Ce n’est pas le retour de l’ORTF qui va nous permettre de concurrencer Netflix», renchérissent les écologistes.

Mise à jour : à 14 heures avec la mobilisation devant le ministère de la Culture.