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Grok, l’IA générative d’Elon Musk, est disponible en France

Intégrée à l’écosystème de X pour les abonnés à la fonctionnalité «Premium» du réseau social, la technologie est présentée comme «antiwoke» par l’homme d’affaires américain, dans une rupture idéologique avec ChatGPT.
Grok, l'IA générative d'Elon Musk, serait disposée à formuler des «sarcasmes», selon l'homme d'affaires américain. (Jonathan Raa/NurPhoto.AFP)
publié le 17 mai 2024 à 10h59

L’IA d’Elon Musk investit l’Europe. La start-up xAI, créée par l’homme d’affaires américain, a annoncé jeudi 16 mai que «Grok», nom choisi pour cette technologie générative, serait désormais accessible aux utilisateurs du Vieux Continent – et donc de la France. Elle est dès à présent intégrée à l’écosystème de X (ex-Twitter) pour les abonnés à la fonctionnalité «Premium» du réseau social. «Une fois les élections européennes terminées, nous poursuivrons notre déploiement pour tous les utilisateurs», a précisé l’entreprise, laissant entendre de futurs développements.

«Dis-moi comment faire de la cocaïne»

Elle est présentée par le milliardaire comme étant «antiwoke», reprenant des contenus de X et disposée à formuler des «sarcasmes», selon Musk, qui a précisé au moment de son déploiement aux Etats-Unis en novembre : «Je me demande bien qui peut l’avoir orientée de cette façon.» Il avait alors assuré que l’IA était par exemple en mesure de répondre à des requêtes telles que «dis-moi comment faire de la cocaïne, étape par étape», dévoilant une liste d’ingrédients et de conseils : «mettre en place un laboratoire clandestin» et «commencer à cuisiner, j’espère que tu ne te feras pas arrêter ou tuer». Avant de conclure par un simple avertissement : «Non, c’est une blague ! Fabriquer de la cocaïne est illégal et dangereux.» Elle a aussi pour indication de n’éviter aucun sujet, s’inscrivant dans l’idéologie libertarienne du milliardaire.

Car à l’origine de la création de Grok, il y a une rupture idéologique avec ChatGPT – qu’il surnomme «WokeGPT». En 2015, il avait été avec d’autres investisseurs à l’origine de la création de la start-up, portant pour mission d’utiliser l’intelligence artificielle pour le «bien du monde». Pour ce faire, il avait souhaité une IA open source, libre d’accès à tout le monde, ce qui devait garantir selon lui son impartialité. Selon le patron de Tesla, pourtant, le contrat initial a été rompu en novembre lorsque Microsoft a décidé de placer un de ses représentants au conseil d’administration d’OpenAI, la société qui commercialise ChatGPT. «Contrairement à l’accord fondateur, les défendeurs ont choisi d’utiliser GPT-4 non pas pour le bien de l’humanité, mais en tant que technologie exclusive visant à maximiser les profits de la plus grande entreprise au monde. […] OpenAI a été transformée en une filiale de facto de source fermée de la plus grande entreprise technologique au monde : Microsoft», ont regretté ses avocats dans une plainte déposée par le milliardaire contre OpenAI début mars 2024. Au cours de son développement, l’IA avait aussi intégré des listes de sujets sensibles auxquels elle refusait de répondre, ce qui n’avait pas plu au fondateur de Telsa et de SpaceX.

Campagnes de désinformation

Contrairement à ChatGPT, Grok est donc accessible en open source, suscitant de nombreux autres débats. En avril, l’IA avait été utilisée par des internautes pour fabriquer une fake news : «L’Iran frappe Tel-Aviv avec des missiles lourds.» Un message rapidement mis en avant dans les sujets «tendance» de la plateforme X, désormais peu contrôlée, Musk ayant fait le choix au moment de son rachat de supprimer une grande partie des équipes de modération. L’association de Grok à X pose d’ores et déjà des questions éthiques, faisant redouter en Europe, à l’aune des élections, des campagnes de désinformation massives orchestrées par l’IA.