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«HPI», «Top Chef», «Marie-Antoinette»… Une soixantaine d’équipes de tournages en grève pour de meilleurs salaires

Plusieurs dizaines de tournages et postproduction d’émissions et de séries télé étaient perturbées ce vendredi 17 novembre à l’occasion du troisième jour de grève de techniciens de l’audiovisuel, qui protestent contre des salaires n’ayant pas augmenté depuis dix ans.
Mercredi 15 novembre à Paris, des intermittents se sont réunis devant le siège de l'Union syndicale de la production audiovisuelle pour demander une revalorisation des grilles de salaires d'au moins 20%. (Claire Serie/Hans Lucas.AFP)
publié le 17 novembre 2023 à 14h29

Troisième jour de grève, ce vendredi 17 novembre, pour une soixantaine d’équipes de tournage de séries, téléfilms et émissions télé qui se mobilisent en faveur d’une augmentation des salaires des techniciens de l’audiovisuel. Mercredi, des dizaines de techniciens, chargés des lumières, caméras, régies ou encore du maquillage, s’étaient ainsi rassemblés devant le siège de l’Union syndicale de la production audiovisuelle (Uspa) derrière des banderoles proclamant par exemple «audiovisuel +20 %, sinon rien sur vos écrans». Car «depuis 2007, du fait de la non-revalorisation des salaires minima, les salariés ont perdu 20 % de pouvoir d’achat dans ce secteur», selon eux. «Ils ont vu leurs conditions de travail se dégrader, les amplitudes de travail ont explosé avec l’arrivée des plateformes numériques, et ils restent confrontés à une égale précarité de l’emploi», selon un communiqué des syndicats (Spiac-CGT et SNTPCT, rejointes par la CFTC Media +).

Les tournages des séries HPI, diffusée sur TF1, et Ça, c’est Paris pour France Télévisions sont notamment affectés par ces grèves et débrayages depuis mercredi, selon le syndicat Spiac-CGT. Sont également touchées les émissions Top Chef et La France a un incroyable talent pour M6, les séries Marie-Antoinette pour Canal +, Le crime lui va si bien et Déter pour France Télévisions, ou encore Trash pour Amazon Prime Video.

Lors d’une assemblée générale de techniciens jeudi soir à Paris et en visio, il a été décidé de reconduire la grève ce vendredi et d’appeler à une nouvelle journée d’action la semaine prochaine. Les représentants des producteurs ne proposent «rien», si ce n’est «un rendez-vous le 5 décembre» donc «pas d’autres choix, on continue», selon le Spiac-CGT. Côté employeurs, l’Uspa et le Syndicat des producteurs indépendants assurent qu’ils feront le 5 décembre «une proposition d’augmentation des minima salariaux», après déjà deux coups de pouce début 2023. Dans un communiqué, ils soulignent aussi que «la réponse économique aux revendications des salariés ne pourra se faire sans des efforts partagés par l’ensemble des parties contribuant au financement des œuvres», appelant par là les diffuseurs, publics comme privés, à un effort.

«Pas encore aussi médiatisée que la crise des scénaristes et acteurs aux Etats-Unis, la colère qui s’exprime parmi les professionnels de la production audiovisuelle traduit des formes identiques de désarroi», estiment les syndicats des techniciens audiovisuels. «Ce qui restait encore il y a peu de temps des “métiers passion” se transforme aujourd’hui en un exercice professionnel de plus en plus contraignant et éreintant, avec des salaires en constante diminution dans un contexte d’inflation galopante, et une considération souvent manquante», ajoutent-ils. La semaine dernière, les mêmes techniciens s’étaient mobilisés pour protester contre la refonte de l’assurance chômage des intermittents du spectacle, un sujet qui demeure sur la table.