Par rapport à l’an passé, les Français s’intéressent beaucoup plus à l’actualité, mais ont encore moins confiance dans les médias, confessant une certaine fatigue par rapport au flot d’informations qui leur arrive. C’est ce que révèle le baromètre de la confiance dans les médias, produit par l’institut Kantar pour le journal la Croix, et dont la 37e édition est révélée ce mercredi 22 novembre en ouverture du festival Médias en Seine.
75 % des personnes interrogées indiquent ainsi suivre avec un grand intérêt l’actualité, contre 62 % en 2022 – mais la formulation de la question les années précédentes était légèrement différente, précise Kantar. De l’intérêt qui peut s’avérer nocif : 51 % des sondés déclarent ressentir de la fatigue ou du rejet par rapport à l’actualité. Parce qu’«on parle toujours des mêmes sujets dans les médias» pour 48 % de ces fatigués de l’information, ou à cause «d’une angoisse ou d’une impuissance face aux informations» pour 38 %.
La presse papier en net recul
En ce qui concerne la consommation des médias, la télévision reste reine. Elle est utilisée au moins une fois par jour pour s’informer par 69 % des personnes interrogées. Internet est en forte hausse, avec 60 % des sondés qui disent suivre l’actualité par ce biais tous les jours, 10 points de plus que l’an passé. Dans le détail, ce sont les JT des chaînes nationales qui sont les plus cités comme sources d’information régulières, pour 88 % des personnes interrogées, suivis par les chaînes d’information en continu (76 %). Derrière, les réseaux sociaux, en légère hausse, les journaux radio et la presse régionale en ligne sont prisés dans les mêmes proportions, à 70 % des sondés. La presse papier est en net recul, qu’elle soit locale (58 % des personnes interrogées disent la lire pour s’informer) ou nationale (50 %, contre 63 % pour les versions numériques des mêmes quotidiens). Sans parler des newsmagazines hebdomadaires (47 %, -8 points). Tout en bas du classement, les podcasts (40 %) et les influenceurs (31 %) sont les moins cités comme sources d’information sur l’actualité.
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Bien qu’utilisés quotidiennement, ces différents médias ne génèrent pas une grande confiance dans l’information qu’ils produisent. 57 % des Français déclarent «se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité». C’est 3 points de plus qu’en 2022. Une majorité des sondés estiment même que les journalistes ne sont pas indépendants, qu’ils ne résistent ni aux pressions politiques (selon 59 % des personnes interrogées) ni aux pressions de l’argent (56 %). Dans le détail, les sources d’information médiatiques estimées les plus fiables restent les JT d’information des chaînes télé nationales (pour 67 % des sondés), la presse régionale (61 %) et les journaux d’information à la radio (60 %). A noter : le léger regain de fiabilité (+2 %), accordé à la presse quotidienne nationale, qui a la confiance de 58 % des personnes interrogées. A la traîne, un trio formé des influenceurs (14 % seulement les trouvent fiables), des réseaux sociaux (25 %) et des émissions d’infotainment comme TPMP ou Quotidien (31 %).
Les Français ne veulent pas payer pour l’information
Le modèle économique des médias est pour beaucoup dans cette défiance relevée par le baromètre. 43 % des Français estiment que la détention de médias par de grands groupes industriels est une «mauvaise chose pour l’indépendance des rédactions». L’audiovisuel public comme France Télévisions ou Radio France est, à l’inverse, plutôt considéré comme une «bonne chose pour la pluralité d’opinions et la diversité du paysage médiatique» pour 48 % des sondés. Pour autant, les Français ne semblent pas prêts à payer pour accéder à l’information : 82 % des personnes interrogées révèlent ainsi ne pas dépenser d’argent pour s’informer actuellement. Seuls un peu plus d’un quart des sondés sont prêts à souscrire à un abonnement, payer ponctuellement, ou faire un don pour un accès à l’information. Ils sont en revanche plus nombreux (39 %) à accepter un modèle publicitaire en contrepartie de contenus d’information.
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Dans le traitement médiatique de l’information en 2023, les émeutes après la mort de Nahel, la guerre en Ukraine ou la mobilisation contre la réforme des retraites font partie des sujets dont les médias ont trop parlé selon les sondés. A l’inverse, le débat sur la fin de vie, les difficultés des services publics et les violences faites aux femmes sont jugés sous-traités. Sur le sujet de l’intelligence artificielle dans les médias, une minorité des sondés (30 % environ) ont confiance dans son utilisation dans le cadre de la production d’information, et 84 % préféreraient que les médias signalent lorsqu’ils ont recours à l’IA. Enfin, les Etats généraux de l’information, ouverts début octobre, semblent être une initiative utile pour 57 % des personnes interrogées. Nul doute que les résultats de ce baromètre viendront nourrir ce grand débat sur le rapport des Français à l’information.