Joseph Tual a un projet pour France Télévisions. Dans l’une des plus imposantes rédactions d’Europe (2 500 cartes de presse, tout de même), il voudrait créer une équipe de journalistes d’investigation auxquels on laisserait tout le temps d’enquêter et qui n’auraient de comptes à rendre à personne d’autre qu’au PDG. A quelques détails près, comme la cellule Spotlight du Boston Globe, qui a révélé un scandale de prêtres pédophiles et inspiré un film oscarisé. Gros bémol cependant : Joseph Tual a été licencié par France Télévisions il y a près de trois ans. Mercredi, il contestera cette éviction devant le conseil des prud’hommes de Paris.
«Manquement grave à l’obligation de loyauté», disait le courrier de son employeur en juin 2018, ouvert dans la salle d’attente d’un IRM qui révélera un cancer du poumon – sale journée. «Loyauté vis-à-vis de quoi ? De qui ?» répond Tual, 60 ans et toujours révolté, dans la voiture qui nous emmène vers son petit pavillon de Châtillon (Hauts-de-Seine). Le Breton se considère d’abord loyal au service public.
Scoop étouffé et prise de bec
A l’origine, un scoop étouffé. En mars 2018, le journaliste de France 3 se procure avant tout le monde l’ordonnance de renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bismuth. Une grosse prise, un dossier de 130 pages qui raconte tous les méandres d’une affaire qui a valu à l’ancien président trois ans de prison, dont un ferme, le 1er mars dernier (Sarkozy a fait appel). Mais finalement, pas un mot