C’est une petite fille devenue grande qui a voulu pousser la porte du «grand secret» qui entoure la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux. Ce monument nucléaire sorti des champs, «juste à côté du château de Chambord», que tout le monde appelait «la Pile» dans la région, au moment de sa construction au début des années 60. Cette «pile atomique», qui a changé pour toujours la vie du village d’agriculteurs où la journaliste Cécile Delarue a grandi. Et sans qui ses parents ne se seraient jamais rencontrés. Saint-Laurent, la deuxième centrale nucléaire française entrée en service aux temps des «grands projets» du général de Gaulle. Mais aussi celle qui a connu «les deux plus gros accidents nucléaires» en France à ce jour. Deux accidents intervenus en 1969 et 1980, tous deux classés de «niveau 4», sur une échelle qui en comporte 7 – les catastrophes de Tchernobyl et Fukushima ont eu droit à cet échelon maximal. Le père de Cécile y a travaillé toute sa vie, du premier béton de cette cathédrale technologique, à sa retraite à lui, précoce, dont il aura peu profité. Dominique Delarue est mort à 72 ans, en 2019, après avoir lutté pendant quinze ans contre le cancer.
A-t-il été victime de «la Pile» ? Est-il mort d’être «descendu» dans les entrailles radioactives du monstre après ces accidents qui provoquèrent une fusion partielle du cœur ? A chaque fois, la catastrophe fut évitée de peu, les travaux de «nettoyage» durèrent des mois, mobilisant des centaines d’agents EDF. Domin