Machine arrière. Après avoir annoncé vouloir expérimenter l’utilisation de ChatGPT au sein de ses quotidiens l’Est républicain et Vosges Matin, le groupe de presse Ebra a finalement indiqué renoncer, au moins pour le moment, à l’initiative. A l’issue d’un comité social et économique (CSE) jeudi, le directeur général des deux titres, Christophe Mahieu, a clos l’information-consultation concernant les tests d’intelligence artificielle générative dans ses rédactions, selon des informations du Figaro et du Monde. En cause : des modalités de mise en œuvre du projet à rediscuter, notamment après la demande, par les élus du personnel, d’une expertise préalable sur les conséquences d’une telle expérimentation.
A l’origine, Ebra souhaitait ainsi utiliser ChatGPT «dans le cadre strict de relecture et de correction de contenus proposés par nos correspondants locaux de presse», comme le racontait le groupe de presse à l’AFP mercredi. «L’arrivée de l’IA générative dans les rédactions est inévitable et notre objectif est de l’anticiper en testant les outils à disposition dans nos process de traitement de l’information», expliquait alors Christophe Mahieu. La direction des deux journaux assurait qu’il n’y aurait pas d’impact sur les emplois. «A l’image des outils de correction orthographique utilisés depuis des années par les journalistes de nos rédactions, il s’agit donc là de tester simplement les “fonctions bureautiques” de cet outil d’IA» qu’est le robot conversationnel ChatGPT, développé par la société américaine OpenAI, ajoutait Christophe Mahieu. Ces tests auraient été une première dans une rédaction française.
Mais dans un communiqué daté du 10 octobre, le Syndicat national des journalistes s’était ému de cette expérimentation programmée à l’Est républicain et Vosges Matin : «Le SNJ ne laissera pas les clés de l’information aux ordinateurs ! Les chartes relevant de la déontologie et de l’éthique journalistiques ne sont pas désuètes. Elles doivent s’imposer à l’IA, c’est non négociable !»
A cela, la direction de l’Est républicain et Vosges Matin répondait que «le choix, la hiérarchie de l’information, la première et la dernière relecture ainsi que la validation finale pour publication resteront de la responsabilité des journalistes de notre rédaction». Et «bien évidemment, le journaliste secrétaire de rédaction [qui corrige et met en page les articles, ndlr] pourra également modifier ce contenu corrigé si cela lui semble nécessaire et pertinent». Quand reprendront les discussions autour de cette expérimentation dans le groupe de presse propriété du Crédit mutuel ? Aucune date n’a encore été donnée.