«Sidérés et inquiets qu’un appui revendiqué d’Eric Zemmour prenne la direction du Journal du dimanche (JDD), nous soutenons la rédaction de ce dernier dans son combat.» Derrière ces quelques mots, 400 personnalités issues du monde politique, culturel, économique, social, associatif ou encore sportif, s’unissent pour dénoncer la nomination de Geoffroy Lejeune –ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles – à la tête du Journal du dimanche. Les signataires, parmi lesquels on retrouve notamment Elisabeth Badinter, JoeyStarr, Lionel Jospin ou Martine Aubry, refusent que l’hebdomadaire dominical ne devienne «un journal au service des idées d’extrême droite».
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«Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, qu’on le lise ou qu’on ne le lise pas, le JDD, avec ses qualités et ses défauts, est toujours resté attaché à la diversité des opinions», poursuivent les signataires de la tribune, qui rappellent «la brutalité» de la transformation à marche forcée dont ont été victimes les rédactions d’Europe 1, d’I-Télé (ex CNews) et de Prisma Presse après leur rachat par Bolloré.
Longtemps considéré comme un relais médiatique de l’exécutif – au point d’être surnommé la «Pravda macronienne» – le Journal du dimanche a opéré, avec l’arrivée de Lagardère dans le giron du Vivendi de Vincent Bolloré, une droitisation à bas bruit. Ces dernières semaines, plusieurs unes ont témoigné ouvertement du virage très à droite pris par l’hebdomadaire, notamment à travers la couverture faisant un lien entre le drame d’Annecy et une remise en cause du droit d’asile, ou en mettant en avant les trois leaders du parti Les Républicains présentant leur plan anti-immigration.
Vent debout contre l’arrivée Geoffroy Lejeune, le JDD ne paraissait pas ce dimanche 25 juin, pour la deuxième fois de son histoire. «Face à un mouvement de concentration protéiforme dans le secteur des médias, alors que de nombreux titres sont tombés dans les mains de milliardaires aux engagements politiques et aux pratiques controversées […] nous ne pouvons nous résoudre à voir ce rendez-vous dominical de référence véhiculer des opinions contraires aux valeurs républicaines qu’il porte depuis soixante-quinze ans», ajoutent les signataires de la tribune. Avant de conclure, par une mise en garde : «Pour la première fois en France depuis la libération, un grand média national sera dirigé par une personnalité d’extrême droite. Un dangereux précédent qui nous concerne tous.»