Menu
Libération
Presse

Le journal «Sud Ouest» en grève reconductible contre un plan social

Le quotidien régional n’est pas en kiosques ce jeudi 13 juin et ne le sera pas non plus demain. En cause, un plan qui prévoit la suppression de 118 postes, dont 22 journalistes.
La rédaction de Sud-Ouest» a voté une grève reconductible à 87,3 % des 122 votes exprimés pour protester contre le plan de sauvegarde de l’emploi proposé par la direction. (Quentin Top/Hans Lucas)
publié le 13 juin 2024 à 11h48
(mis à jour le 13 juin 2024 à 11h48)

Pas de journal dans les kiosques aujourd’hui et demain. La rédaction du quotidien régional Sud Ouest, mobilisée depuis mars et en grève mercredi, a décidé de reconduire le mouvement ce jeudi 13 juin pour dénoncer des négociations «dans l’impasse» autour d’un plan social qui prévoit la suppression de 118 postes, dont 22 journalistes.

«L’actualité est brûlante et ne pas sortir le journal est un crève-cœur pour la rédaction. Seulement voilà, après six réunions de négociation, le dialogue est dans l’impasse avec la direction. Tant sur les postes à supprimer (ou à sauver) que sur les perspectives pour l’entreprise», écrit mercredi le Syndicat national des journalistes (SNJ) dans un communiqué.

Mardi, la rédaction avait voté une grève reconductible à 87,3 % des 122 votes exprimés après une nouvelle réunion infructueuse avec la direction autour de ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Mercredi, en fin d’après-midi, «la poursuite et la reconductibilité de la grève ont été votées à 76,7 %», a précisé à l’AFP David Patsouris, délégué SNJ.

Projet «mortifère»

Le projet de réorganisation dévoilé début mars prévoit un plan de départs volontaires concernant tous les services de l’entreprise, de la rédaction à l’imprimerie, afin de faire face à la baisse des ventes et à la hausse des coûts. Le projet inclut notamment trois fermetures d’agences locales. La rédaction s’était déjà mise en grève une journée au moment de l’annonce de ce plan social, avant de voter mi-mars une motion de défiance contre sa direction à 80 % des voix.

Le quotidien, diffusé à 189 000 exemplaires par jour en moyenne en 2023 dans sept départements de Nouvelle-Aquitaine, emploie 720 salariés dont environ 250 journalistes, selon son site internet. Ce «quatrième plan social en onze ans» selon le SNJ est vivement critiqué par le syndicat qui y voit un projet «mortifère», réduisant l’offre rédactionnelle du titre à l’heure où la vente de journaux papier et numérique représente plus de 60 % de son chiffre d’affaires.

«Comment admettre que la rédaction soit concernée à une telle échelle ? La stratégie de l’actionnariat de Sud Ouest, qui se résume à réduire les coûts à courte échéance, sans donner ni d’horizon ni de sens à la suite, finit par faire déborder le vase», fustige le SNJ, appelant la direction à «reprendre les discussions sur des bases plus réalistes». La Sapeso, société éditrice de Sud Ouest incluant sa régie, a essuyé en 2021 une perte de 2,35 millions d’euros.