Sur tous les fronts : après l’édition et le rachat à venir d’Editis, le podcast avec des parts dans Louie Media, la presse avec le rachat d’Usbek & Rica (et même un prêt de 14 millions d’euros à Libération en septembre 2022), voilà que le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky investit dans les médias vidéos pour réseaux sociaux avec l’entrée de son groupe CMI au capital de Loopsider, à hauteur de 45 %, comme l’annonce un communiqué conjoint publié ce lundi 12 juin. Cette suractivité dans les médias s’ajoute aux opérations en cours dans le secteur de la grande distribution avec l’épineux dossier Casino ou une récente montée au capital de Fnac Darty. Elle s’explique surtout par les récents mégaprofits de Daniel Kretinsky dans le secteur de l’énergie : 37,1 milliards d’euros pour son groupe EPH en 2022 après une flambée du cours de l’électricité à la suite de la guerre en Ukraine.
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L’investissement dans Loopsider fleure toujours bon les «synergies» pour les titres magazines de CMI (Elle, Télé 7 Jours, etc.). Valérie Salomon, présidente du groupe de presse, évoque ainsi dans le communiqué une «diversification» qui «s’inscrit dans notre volonté de déployer de nouveaux territoires d’expression pour nos marques». CMI France vise aussi le savoir-faire de Loopsider dans l’analyse de performance des publications sur les réseaux sociaux. Des outils d’intelligence artificielle pour comprendre les algorithmes des plateformes, commercialisés en plus de son activité d’éditeur de vidéos. Pour Kretinsky, l’opération fait également suite à une tentative ratée d’entrée au capital de Brut au printemps – il a été écarté de la levée de fonds au profit de Xavier Niel et de Rodolphe Saadé, l’autre milliardaire qui investit à tout va dans les médias actuellement.
Fondé en 2018 par Giuseppe de Martino, Arnaud Maillard et Johan Hufnagel (ancien directeur des éditions de Libération), qui resteront actionnaires majoritaires et resteront à la direction du média, Loopsider revendique 7 millions de personnes regardant des vidéos sur sa plateforme chaque jour, et des revenus en hausse ces deux dernières années (d’environ 35 % par an sur les deux derniers exercices, selon les Echos). Pas une mince affaire pour un pure player. Une activité qui s’avère donc rentable grâce à des revenus provenant en grande partie de ses activités de brand content, soit des vidéos réalisées en partenariat avec des marques. La Lettre A valorise ainsi l’entreprise aux alentours des 30 millions d’euros.