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Les journalistes du «Parisien» votent une nouvelle grève en assemblée générale

Les salariés du quotidien se sont réunis ce mardi 30 septembre pour une nouvelle AG, dans le contexte tendu autour des rumeurs de la vente du titre. Ils ont convenu de faire grève jusqu’au mercredi 1er octobre.

Mobilisation de salariés du quotidien Le Parisien pour protester contre une éventuelle vente à Vincent Bolloré et contre des suppressions de postes, le 22 septembre 2025. (Albert Facelly/Libération)
Publié le 30/09/2025 à 16h43, mis à jour le 30/09/2025 à 17h14

Bis repetita. Cinq jours après une assemblée générale ayant débouché sur une grève, les salariés du Parisien étaient de nouveau rassemblés ce mardi 30 septembre à l’invitation des organisations syndicales SGJ-FO, SGLCE-CGT, SNJ, SNJ-CGT, SNPEP-FO, alors que le journal est en proie aux rumeurs de vente au milliardaire conservateur réactionnaire Vincent Bolloré, ainsi qu’à des menaces de suppressions de postes.

Les revendications sont les mêmes que celles de jeudi dernier, qui avaient conduit une partie de la rédaction à cesser le travail jusqu’à vendredi soir, empêchant la parution du journal ce jour-là.

Ce mardi, à l’issue de cette nouvelle assemblée générale, les salariés du quotidien ont voté à 54,5 % pour la grève, qui va courir de ce mardi 30 septembre à 14 heures au mercredi 1er octobre à 23h59. Dans le détail, 120 votants se sont prononcés pour, 84 contre et 16 se sont abstenus. «Tous ceux qui veulent faire grève font grève, mais elle n’est pas généralisée», décrypte un salarié joint par Libé. Si le journal papier est «appauvri», il a toujours la possibilité de sortir et le site du quotidien reste alimenté, explique cette source. On ne sait pas encore si un journal papier paraîtra mercredi 1er octobre. La majorité qui s’est prononcée en faveur de la grève est par ailleurs moins importante ce mardi que le 25 septembre (72,5 %).

Les journalistes ont aussi convenu à plus de 80 % d’une «grève des signatures» tous les lundis à partir du 6 octobre - 159 voix pour, 32 contre et 6 abstentions. Concrètement «tous ceux qui le souhaitent signent «le Parisien» sur le site, et non pas avec leur nom. Dans le journal papier, le but c’est qu’il n’y ait aucune signature», souligne ce même salarié, qui regrette que cette forme d’action n’engage que les rédacteurs et pas l’ensemble des salariés. «L’idée est de trouver des façons diverses de se manifester. Car on s’attend à devoir se mobiliser dans la durée», explique de son côté l’élu du SNJ Olivier Corsan.

Le sort des CDD et des pigistes

Un compte rendu de l’AG consulté par Libé indique que les effectifs du journal se sont une nouvelle fois adressés à la direction générale et à la présidence du groupe Les Echos-Le Parisien pour «exiger que la direction respecte urgemment ses engagements en matière d’embauches, et garantisse que les services soient correctement dimensionnés, avec des conditions de travail acceptables». Les organisations syndicales, avaient été reçues par la présidence et la direction générale du journal lundi après-midi. Selon Olivier Corsan, les représentants des salariés «n’ont reçu aucune réponse» de la part des dirigeants depuis le début du mouvement social.

Ce mardi, les journalistes ont notamment réexprimé leur «opposition» au projet de vente du Parisien au groupe Bolloré, et exigé «des garanties sur le maintien d’un titre de presse d’information nationale et locale composé de journalistes indépendants». Le numéro 1 mondial du luxe LVMH, qui possède le quotidien, n’a ni confirmé ni infirmé l’hypothèse d’une vente.

Lors de cette assemblée générale, il a également été question du sort de plusieurs salariés en CDD et de pigistes. Les contrats de plusieurs d’entre eux s’achèvent ce mardi soir. Les journalistes titulaires ont ainsi exprimé leur «solidarité» envers leurs collègues, et une délégation a été mandatée pour «exiger [le] renouvellement» de ces contrats. Les syndicats reprochent en effet à la direction de remplacer par des contrats temporaires certains départs prévus dans le cadre du plan de réorganisation en cours. Ils réclament 17 remplacements en CDI. Le plan de réorganisation prévoit la suppression de près de 40 postes. Son annonce avait entraîné en mars une grève de 24 heures et une motion de défiance contre la direction.

Dans la période qui est «exigeante», «vous pouvez compter sur notre engagement et celui de vos managers pour porter une attention constante aux conditions de travail», a assuré la direction aux salariés du Parisien dans un message interne consulté par l’AFP.

Le Parisien-Aujourd’hui en France est le 3e quotidien le plus diffusé en France quand on cumule son édition nationale et régionale, avec quelque 260 000 exemplaires vendus par jour, selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias.