Qui accueillera l’auditeur de France Inter au réveil lundi matin ? La chaude voix de Nicolas Demorand ou bien celle de Clara Luciani, de Benjamin Biolay ou d’un autre artiste de la traditionnelle playlist de grève de la station ? Car, et ça semble inédit dans l’histoire de Radio France, un mouvement des salariés de la Maison ronde pourrait bien perturber les antennes de France Inter, France Culture, France Info ou France Musique le jour où elles inaugurent leurs nouvelles grilles de rentrée, lundi 25 août.

Le résultat d’un préavis de grève illimitée lancé par l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD, UNSA) dès le 11 juillet, en opposition aux dernières réorganisations internes annoncées par la PDG Sibyle Veil. Les organisations syndicales réclament notamment l’arrêt d’une réforme des modes de production qui consiste à ne plus faire appel qu’à un technicien ou un réalisateur plutôt qu’aux deux sur certaines émissions. Elles exigent aussi une refonte de la grille de programmes d’ICI (l’ex-France Bleu) pour donner plus de place au local. La place de l’investigation à l’antenne, après l’arrêt de Secrets d’info en version hebdomadaire sur France Inter, était aussi en question. A côté, se greffe aussi la contestation contre le projet de holding de l’audiovisuel public voulu par la ministre de la Culture Rachida Dati, dont le projet de réforme devrait être de nouveau discuté à l’Assemblée nationale au début de l’automne.

La direction de Radio France avait annoncé ce projet stratégique au printemps pour répondre aux restrictions budgétaires de 23,9 millions d’euros décidées par le gouvernement en début d’année. Il impliquait également la fin des programmes de la station Mouv’, transformée en flux musical (ce que les syndicats contestent également). Ce projet conduirait à environ 6 millions d’euros d’économies par an pour le groupe public.

Ce vendredi 22 août, les syndicats ont négocié toute la journée face à leur direction représentée par la directrice des ressources humaines Charlotte Ballero, par Marie Message, directrice générale adjointe en charge des moyens et des organisations et par Vincent Rodriguez, secrétaire général d’ICI. Sans avancées. «Pour l’heure, la direction refuse la moindre concession ou de revenir sur les projets les plus néfastes pour les équipes et les antennes, écrit l’intersyndicale dans un communiqué diffusé ce vendredi. Elle ne sait que proposer des réunions d’échanges et des groupes de concertation.» Une nouvelle réunion de négociation a été fixée par la direction de Radio France au lundi 25 août à 14 heures. Soit après la rentrée des antennes. «Clairement, elle [la direction, ndlr] semble attendre de compter les grévistes, écrivent les syndicats. Elle n’a pas vraiment pris la mesure de la colère !»

De fait, il est encore difficile d’évaluer à quel point la mobilisation sera suivie lundi. «Rattaquer avec une grève, ce n’est pas évident, c’est même risqué, mais ça témoigne d’un gros malaise, confie un salarié. Mais il suffit d’un ou deux techniciens pour planter la matinale de France Inter : il est bien possible qu’on ait droit à la playlist lundi matin.»