Y aura-t-il Sud-Ouest dans les kiosques jeudi 7 mars ? Les salariés du groupe de médias Sud Ouest (GSO) ont décidé de faire la grève ce mercredi 6 mars face à un projet «mortifère» : un vaste plan de sauvegarde de l’emploi annoncé la veille et portant sur 118 postes du quotidien régional. Après des plans de départs volontaires en 2013 et 2019 portant sur une centaine de postes, ce nouveau plan social visant la Sapeso, société éditrice de Sud-Ouest incluant sa régie, a été présenté mardi aux organisations syndicales lors d’une réunion extraordinaire du comité social et économique (CSE).
«En 2022 et en 2023, le groupe a souffert de l’accélération de la baisse des revenus liés à la vente de journaux papier, ainsi que de la hausse historique des coûts des matières premières et de l’énergie, justifie GSO dans un communiqué. Cette réorganisation a pour objectif de permettre à la Sapeso de retrouver une rentabilité pérenne, malgré la décroissance de la vente de journaux.»
A l'issue d'un CSE extraordinaire durant lequel la direction de la Sapeso a présenté un projet de réorganisation, la rédaction de "Sud Ouest" a voté la grève @SNJ_national pic.twitter.com/E6nLn4509k
— SNJ SudOuest (@SNJ_Sudouest) March 5, 2024
Il s’agit pour l’heure d’un plan de départs volontaires concernant tous les services de l’entreprise, de la rédaction à l’imprimerie, avec 25 postes de journalistes menacés, selon le Syndicat national des journalistes (SNJ) qui fustige un «quatrième plan social en onze ans». D’après un communiqué du syndicat, la direction envisage notamment de fermer trois agences : Oloron-Sainte-Marie et Orthez dans les Pyrénées-Atlantiques et Sarlat en Dordogne.
«Ça n’ouvre pas d’issue pour notre journal»
«C’est inacceptable car c’est par l’éditorial que Sud-Ouest peut s’en sortir, déclare David Patsouris, élu au CSE et membre du SNJ. Ce n’est pas la rédaction qui a une activité qui baisse, c’est la direction qui, par ces suppressions de postes, va réduire l’activité de la rédaction, ce qui est problématique car ça n’ouvre pas d’issue pour notre journal. L’éditorial c’est ce qui tire toutes les autres activités, la publicité, l’événementiel… Affaiblir la rédaction, c’est affaiblir l’entreprise dans son entier.»
Une assemblée générale a été organisée mardi soir dans les locaux du journal et le principe d’une journée de grève ce mercredi a été acté à la majorité (53,2 %). Une nouvelle assemblée générale est programmée ce mercredi après-midi, précise le SNJ. En juin 2023, les salariés avaient déjà fait une journée de grève, bloquant la diffusion du quotidien, à la suite de mesures d’économie annoncées la direction.
Diffusé dans sept départements en Nouvelle-Aquitaine, avec environ 212 000 exemplaires par jour, Sud-Ouest emploie 720 salariés dont 250 journalistes, selon son site Internet. Le groupe, qui fête cette année les 80 ans de plusieurs de ses titres (Sud-Ouest, la République des Pyrénées, Charente libre…), a enregistré un résultat net consolidé de 907 000 euros en 2022, contre 2,8 millions d’euros en 2021, tandis que la Sapeso essuyait une perte de 2,35 millions d’euros.