«On doit faire un sacrément bon journal pour susciter autant de désir !» Même si l’heure est critique dans le local des représentants du personnel de la Provence, on prend le temps de s’amuser de l’improbable bataille de milliardaires qui se joue au-dessus des têtes. Comme s’ils étaient la dernière start-up à la mode. 180 journalistes, 75 000 exemplaires quotidiens : le journal basé à Marseille reste la source d’information de référence du coin. Mais les ventes sont en baisse constante, comme le reste de la presse papier : la Provence a perdu près de 25% de ses lecteurs depuis 2017. Pas de quoi refroidir les deux magnats. D’un côté, le patron de Free, Xavier Niel, et son holding personnel NJJ, qui possède déjà 11% du capital du groupe La Provence. De l’autre, le premier employeur privé de Marseille et troisième armateur mondial, la CMA CGM et son patron Rodolphe Saadé. Les deux ont déposé leurs offres de reprise mardi pour le groupe de presse valorisé autour des 40 millions d’euros. Du point de vue de la rédaction, la concurrence est vertueuse au moment d’écrire un nouveau chapitre. «Mais c’est une fenêtre qu’il ne faut pas rater», souligne Audrey Letellier, élue du Syndicat national des journalistes (SNJ).
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Depuis huit ans, la Provence est en sommeil. Après le rachat du titre par Bernard Tapie en 2013, la rédaction a vécu au rythme de ses démêlés judiciaires puis des évolutions de son état de santé. En avril 2020, le tribunal de comme