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LVMH charge la direction du «Parisien» de trouver un plan pour renflouer ses caisses

Balayant la «rumeur» d’une cession du titre de presse au milliardaire conservateur Vincent Bolloré, contre laquelle journalistes et personnels ont fait grève en septembre, le groupe de luxe fustige les pertes du quotidien et exige de ses dirigeants un plan stratégique et des économies drastiques.

Lors d'une mobilisation des journalistes et personnels du «Parisien» contre une potentielle vente du journal au groupe Bolloré, le 22 septembre 2025 à Paris. (Albert Facelly/Libération)
Publié le 17/10/2025 à 14h18

Le groupe LVMH, propriétaire du Parisien-Aujourd’hui en France, a demandé, mercredi 15 octobre, à la direction du quotidien de lui présenter d’ici la fin de l’année un plan pour réduire ses pertes, selon un compte rendu d’une réunion du comité de groupe de l’entreprise. La direction du géant de luxe a ainsi confié au PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, Pierre Louette, et à la directrice générale du journal, Anne-Violette Revel de Lambert, la mission de présenter un plan stratégique pour ramener le titre à l’équilibre financièrement. Avant d’assurer que l’option d’une vente n’était pas à l’ordre du jour mais ne pouvait être exclue, en fonction de la réussite ou de l’échec de ce plan stratégique de réduction des pertes. Quant à une potentielle revente au groupe Bolloré, LVMH a assuré que cela restait une rumeur.

Pourtant, selon le média la Lettre, lors de ce comité de groupe, «le directeur général adjoint de LVMH, Stéphane Bianchi, fidèle de Bernard Arnault, a martelé l’urgence de la situation, expliquant que le “niveau de pertes auquel est arrivé le Parisien”, décrit comme “plus que conséquent”, “ne sera plus jamais accepté”. “Si aucun plan [de restructuration] n’est abouti, si aucune stratégie n’était mise en œuvre, si aucun accord n’était trouvé entre les salariés et la direction, même si l’option d’une vente n’est pas l’option numéro un retenue par LVMH, cette option pourrait devenir d’actualité”, a ajouté le président du comex [comité exécutif, ndlr] Stéphane Bianchi aurait également affirmé que LVMH s’inscrivait avant tout dans une logique économique et non idéologique, contrairement à d’autres titres de presse.

Journées de grève

«Au sujet d’une potentielle revente au groupe Bolloré, Stéphane Bianchi a répondu aux élus que “LVMH n’a pas vocation à démentir une rumeur qui repose sur quelque chose qui n’existe pas”, ajoutant tout de même que “les ventes et les achats se regardent chaque semaine, même s’il n’y a pas de projet réel”», rapporte encore la Lettre. Sollicités par l’AFP, le numéro un mondial du luxe s’est refusé à tout commentaire et Pierre Louette n’avait pas répondu dans l’immédiat. Comme Libération l’a récemment montré, l’avenir du titre de presse national, racheté en 2015 à la famille Amaury et qui a perdu 34 millions d’euros en 2024, cristallise les tensions au sein de la famille Arnault, propriétaire de LVMH.

Un plan de réorganisation de la rédaction prévoyant la suppression de près de 40 postes est déjà en cours au Parisien, troisième quotidien le plus diffusé en France si l’on cumule ses éditions nationale et locales, avec 260 000 exemplaires vendus par jour, selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias. L’annonce de ce plan avait entraîné une grève de 24 heures en mars. Deux autres journées de grève ont eu lieu en septembre, pour s’opposer à la possible vente au groupe Bolloré et exiger l’embauche de 17 personnes en CDI pour combler des départs. Le Parisien-Aujourd’hui en France est le troisième quotidien le plus diffusé en France si l’on cumule ses éditions nationale et locales, avec quelque 260 000 exemplaires vendus par jour, selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias.