Des messages racistes quotidiens. C’est ce qu’a dénoncé mercredi soir Mohamed Bouhafsi sur le plateau de C à Vous, sur France 5, à la suite de la lettre raciste reçue par son confrère Karim Rissouli à son domicile la veille. Pour Bouhafsi, la parole raciste s’est libérée après l’élection européenne du 9 juin : «ce sont des messages continuels qui arrivent quatre à cinq fois par jour… Avant c’était une fois par mois».
Dans la journée du mercredi 26 juin, il avait publié sur Instagram une sélection de messages reçus ces derniers jours : «les Maghrébins et Africains ne vont jamais s’intégrer chez nous, on n’a pas la même culture ils sont trop différents, il faut qu’ils rentrent chez eux» ou encore «bientôt c’est la fin de la France pour les bougnoules comme toi ! Le bateau et retour au bled pour les connards et les racailles comme toi», souvent assortis d’émoji bateau ou avion.
Sur le plateau de France 5, Bouhafsi a témoigné, ému, sur le plateau de sa propre émission : «j’ai eu la chance de couvrir pour C à Vous l’élection présidentielle 2022, je n’ai pas vécu ça sur le terrain. Dans le Loiret il y a quelques jours […], un homme m’a dit “mais vous Mohamed vous n’êtes pas comme les autres bougnoules”». Le journaliste demande instamment à ne plus être «essentialisé en fonction de [s]on prénom, de [s]on nom, ou de [s]a prétendue origine ou de [s]a prétendue religion».
«Le peuple français historique en a plein le cul des bicots»
Cette prise de parole fait suite à la publication de la lettre que Karim Rissouli a reçu à son domicile, mais aussi de celle adressée à la mère de la journaliste d’Arrêt sur Images, Nassira El Moaddem. Dans la missive reçue par Rissouli, des propos racistes sont écrits en majuscules : «Franchement Karim, tu n’as pas compris le vote du 9 juin, ce n’est pas le pouvoir d’achat, ce n’est pas la retraite à 60 ans, ce n’est pas la privatisation de Radio France, la seule et unique raison fondamentale du vote RN, c’est que le peuple français historique qui en a plein le cul de tous ces bicots». Des lettres majuscules que l’on retrouve également dans la lettre reçue par la mère de Nassira El Moaddem, sur le même type de papier. La journaliste y est qualifiée de «truie», et injuriée : «tu devrais dire à Nassira de fermer sa gueule, ou de se casser à l’étranger, c’est l’argent des Français qui l’ont payé».
Ces trois témoignages de journalistes ont suscité de nombreuses réactions chez les politiques. D’abord de François Bayrou, aux côtés de Mohamed Bouhafsi sur le plateau de C à vous : «Il y a des personnes qui sont venues en France, ont voulu avoir des enfants parce qu’elles pensaient que la France était à l’abri de ça. Elles pensaient qu’on ne réduisait pas les gens à la religion, la couleur de peau… Aujourd’hui elles tombent de haut», se désole-t-il. Du côté de la gauche, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes a répondu au témoignage de Karim Rissouli : «l’impunité semble déjà régner comme si l’extrême droite était déjà au pouvoir. Faisons barrage pour que cela n’arrive jamais».