Dans la vidéo, on le voit s’adressant à la caméra, fièrement accoudé sur un canapé en cuir, la moustache plus brune qu’aujourd’hui. «Mediapart, ce ne sera pas mon site, ce ne sera pas mon journal. Ce ne sera jamais “Edwyplenel.com”. Et plus nous avancerons, plus vous vous en rendrez compte.» L’archive date d’une préhistorique campagne de lancement du site d’investigation en 2008. Le constat sur la presse, qui «perd des lecteurs et qui court après la publicité tout en préparant des plans sociaux», est funeste. Le projet pour Mediapart, idéaliste.
Seize ans plus tard, c’est peu dire que toutes ses prédictions se sont réalisées. A tel point qu’Edwy Plenel, 71 ans, se retrouve à lâcher ce jeudi 14 mars les rênes de sa créature, dernier des vétérans à passer la main, même s’il continuera d’écrire ponctuellement pour le site. Ces derniers temps, les compagnons des débuts François Bonnet, Laurent Mauduit ou Marie-Hélène Smiéjan se sont tous plus ou moins éloignés de la rédaction : l’heure est à la transmission. Son départ, alors, «c’est le moment où Mediapart est lâché dans un authentique âge adulte», explique-t-il.
«Transmettre, c’est paradoxalement ce qui aura été le plus difficile»
Tout cela se fait en douceur. «Ça fait deux ans que j’ai construit une solution qui a la force de l’évidence collectivement», raconte le patron sortant, dans une salle de réunion des locaux tout neufs de Mediapart, dans le XIe arrondissemen