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Médias-édition : Vivendi prend «pleinement» le contrôle de Lagardère

Après plusieurs années d’opérations, le groupe de la famille Bolloré annonce ce mardi 21 novembre avoir finalisé son rapprochement avec son rival et devient ainsi «un leader mondial de l’édition» grâce à l’acquisition d’Hachette Livre.
Au siège de Vivendi à Paris, le 10 juillet 2023. (Eliot Blondet/ABACA)
publié le 21 novembre 2023 à 11h11

La «bollorisation» des médias et du secteur de l’édition confirmée. Le géant français des médias Vivendi annonce ce mardi 21 novembre la finalisation de son rapprochement avec son rival Lagardère, dont il détient «environ 60 %» du capital. Il «peut dès à présent pleinement exercer un peu plus de 50 % des droits de vote», fait-il savoir dans un communiqué.

L’opération entamée il y a plusieurs années fait entrer le groupe contrôlé par la famille Bolloré dans une nouvelle dimension. Vivendi devient «un leader mondial de l’édition» grâce à l’acquisition d’Hachette Livre et du «travel retail» (distribution dans les gares et aéroports), tout en mettant la main sur plusieurs médias nationaux (le JDD, Paris Match, Europe 1), et sur des salles de spectacle célèbres (Casino de Paris, Folies Bergère…).

«Ce rapprochement est effectif à la suite de la finalisation des deux cessions auxquelles Vivendi s’est engagé auprès de la Commission européenne», en l’occurrence celle du groupe d’édition Editis à International Media Invest du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, réalisée le 14 novembre, et celle du magazine Gala au groupe Figaro finalisée mardi, explique Vivendi dans son communiqué. Au total, Vivendi passe de 38 000 à «environ 66 000 salariés présents sur tous les continents», et son chiffre d’affaires progresserait, sur une base comparable à celle de 2022, de 72 % à 16,5 milliards d’euros, est-il précisé. «Ce rapprochement est une chance pour nos deux groupes. […] Nos activités, tant en termes de portefeuille de produits que d’implantation géographique, se complètent parfaitement», a déclaré le président du conseil de surveillance de Vivendi, Yannick Bolloré, cité dans le communiqué, qui assure vouloir préserver «l’intégrité» du Lagardère.

Lourde menace

Dans un entretien au Figaro avec son père Vincent et Arnaud Lagardère, PDG du groupe qui porte son nom, Yannick Bolloré a indiqué qu’il entrera prochainement au conseil d’administration de sa nouvelle filiale. «Nous souhaitons également laisser Lagardère coté en Bourse : l’enjeu pour nous est de maximiser la valeur pour l’ensemble des parties prenantes, dont les investisseurs», a-t-il ajouté. Vivendi a par ailleurs repoussé lundi de 18 mois la date limite pour acquérir jusqu’à environ 22 % du capital supplémentaire de Lagardère, via un mécanisme de droits de cession initié lors de son OPA sur le groupe en 2022.

Reste une lourde menace sur Vivendi : les soupçons de «gun-jumping», soit une éventuelle prise de contrôle anticipée de sa cible. Depuis deux ans et demi, les médias du groupe Lagardère se sont par exemple nettement rapprochés de ceux de Vivendi, notamment après la bollorisation d’Europe 1 où sévissent désormais plusieurs signatures de CNews. Une infraction qui, si elle était confirmée après une enquête de la Commission européenne, ne remettrait pas en cause l’acquisition, mais pourrait lui coûter jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires total. «Nos équipes n’ont eu le droit de se parler qu’à partir de ce soir. Nous avons respecté les règles européennes et nous sommes confiants et de bonne foi», s’est défendu Yannick Bolloré dans le Figaro.