Il fut un éditeur courageux et sulfureux, cofondateur des éditions de l’Herne, précurseur dans la publication de livres-enquêtes, et magnat de l’édition à compte d’auteur avec la Pensée universelle, tout en accompagnant l’aventure Libération à ses débuts : Alain Moreau est mort mardi 7 novembre à Paris à l’âge de 87 ans, selon une information donnée par ses proches.
Dans le Libé des années 70, on ne retrouve pas sa signature mais il est là, sous le pseudonyme de Thierry Hugues, avec sa chronique «La médecine en flagrants délits» en 1977. Alain Moreau y expose ces docteurs, chirurgiens, spécialistes, qui installent à l’époque une médecine pour privilégiés, délaissant les hôpitaux et la médecine «pour le plus grand nombre», comme il l’écrit le 1er février 1977. Il est alors un proche de la bande de fondateurs, Serge July ou Zina Rouabah, cette dernière décrivant quelqu’un «qui écrivait très bien, et qui aimait énormément le journalisme et les journalistes». Plus tard, en 1981, il aidera même financièrement Libération à la relance du quotidien, après l’arrêt du titre pendant onze semaines.
Bonne fortune
Il faut dire que, dans le même temps, Alain Moreau a fait fortune dans l’édition. Sa voie n’y était pourtant pas tracée. Né le 7 octobre 1936 dans une famille ouvrière lyonnaise, aîné de six enfants, il quitte l’école à 14 ans et enchaîne petits boulots, devient coursier, ouvrier en fonderie, s’engage dans l’armée, avant de r