Il aura peut-être créé une œuvre. C’est en tout cas ce que Jean-Pierre Elkabbach, mort mardi à 86 ans, aurait voulu qu’on dise de lui, d’après son dernier portrait dans Libération en 2017. L’homme de médias, intervieweur vigoureux de la Ve République et patron de chaîne au parcours tumultueux, se livrait sur son énième renaissance, sur CNews, au bout d’une carrière à l’ORTF et sur Europe 1. Quelle place pensait-il laisser dans l’histoire ? «Je ne sais pas ce que c’est que la gloire. Dans le meilleur des cas, j’aurai mon nom affiché à la porte d’un studio de télé ou de radio.» Puis, dans une formule d’une modestie un brin surjouée, il conclura simplement par : «J’ai fait des choses.» Avant de rappeler le journaliste Jérôme Lefilliâtre avec une autre idée : «Plutôt que “j’ai fait des choses”, vous devriez me faire dire “j’ai peut-être créé une œuvre”.»
Ainsi avançait Jean-Pierre Elkabbach, perpétuellement inquiet en même temps qu’orgueilleux, théâtral et volcanique, six décennies de radio et de télévision à ausculter le pouvoir, à l’approcher de trop près parfois. Un «dramaturge» comme l’a qualifié son vieux compagnon de route Alain Duhamel mercredi 4 octobre sur France Inter. Son sens du tragique, le journaliste, né le 29 septembre 1937 en Algérie française, l’aurait hérité d’