«“Tu finiras à Sainte-Anne”, disait autrefois la sinistre malédiction populaire. J’y ai fini et ce fut, pour moi, une renaissance, une chance inouïe, voire un miracle.» Ce sont peut-être les lignes clefs d’Intérieur nuit, le livre à gros tirage (100 000 exemplaires, sortie gardée secrète jusqu’au bout par son éditeur Les Arènes) dans lequel Nicolas Demorand, co-animateur de la matinale de France Inter (et ancien directeur de Libération), révèle sa bipolarité. Un court et cru essai (112 pages) dont une lente et douloureuse errance médicale constitue le fil narratif. «Je suis un malade mental, écrit le journaliste en introduction. Il m’est difficile de dire depuis combien de temps, vingt ans, peut être trente, certainement huit, depuis qu’un diagnostic a été posé.» Il fut ainsi un patient trop modèle, «un patient qui, comme l’exige la médecine, patiente».
Il y a alors les médecins généralistes, qui ne lui semblent pas assez formés pour déceler finement les maladies mentales. Il y a la cohorte de psychanalystes douteux et leurs