Menu
Libération
Presse

Le magazine «Paris Match» passe officiellement sous le contrôle de Bernard Arnault

La vente de l’hebdomadaire de Lagardère à LVMH a été officialisée ce mardi 1er octobre. Une perte pour Vincent Bolloré, son ancien propriétaire.
(Romain Doucelin/Hans Lucas.AFP)
publié le 1er octobre 2024 à 16h24

Contre 120 millions d’euros, l’hebdomadaire Paris Match change officiellement de propriétaire, passant des mains d’un milliardaire à un autre : de Vincent Bolloré à Bernard Arnault. LVMH, le nouveau propriétaire, et Lagardère, l’ancien, ont annoncé ce mardi 1er octobre la finalisation de la vente du magazine amorcée en février. «Je tiens à remercier chaleureusement Vincent Bolloré et Arnaud Lagardère qui nous passent aujourd’hui le flambeau», a déclaré Bernard Arnault dans un communiqué. La vente du célèbre titre de presse à LVMH avait été annoncée à la surprise générale en février par le groupe Lagardère. Ce dernier a été avalé fin 2023 par Vivendi, groupe de Vincent Bolloré, accusé d’ingérences dans la ligne éditoriale de l’hebdomadaire à plusieurs reprises ces dernières années.

«Envie de refaire le «Paris Match» de la grande époque»

La vente de Match est «un peu un crève-cœur», mais «c’est une offre qui ne peut pas ne pas se regarder», avait commenté en avril Arnaud Lagardère, PDG de l’entreprise qui porte son nom. A 75 ans, ce titre emblématique du photojournalisme, dont le slogan a longtemps été «le poids des mots, le choc des photos», mêle grands reportages de guerre et immersion dans l’intimité des stars et des politiques. Il s’écoule toujours à plus de 440 000 exemplaires chaque semaine.

Sollicité par l’AFP, LVMH, déjà propriétaire du Parisien et des Echos, ne souhaite pas détailler ses projets pour le magazine dans l’immédiat. «Paris Match sera géré à part du groupe Les Echos-Le Parisien», a seulement indiqué le PDG de ce dernier, Pierre Louette, en septembre au Figaro. Il «bénéficiera d’une entité juridique différente et d’une véritable autonomie, tout en bénéficiant du soutien de notre régie et de la diffusion». Il y a une «envie de refaire le Paris Match de la grande époque» et «donc de réembaucher» après les nombreux départs survenus ces dernières années, rapporte à l’AFP un journaliste de l’hebdomadaire souhaitant rester anonyme. Mais «on n’a pas encore de stratégie éditoriale énoncée très clairement».

«Une libération pour la rédaction»

Dirigée par Jérôme Béglé et située au siège parisien de Lagardère News comme celle du Journal du dimanche ou d’Europe 1, la rédaction de Paris Match déménagera en 2025 «dans de nouveaux locaux dans Paris», selon un message interne consulté par l’AFP. Bientôt finie, donc, la «cantoche avec Pascal Praud», figure de CNews et d’Europe 1, ironise le journaliste interrogé par l’AFP. Selon lui, «c’est plutôt une libération pour la rédaction» de quitter la sphère des médias Bolloré, régulièrement accusés par la gauche de promouvoir des idées d’extrême droite. Et de citer la multiplication ces «trois, quatre derniers mois» de unes consacrées à la religion catholique chère au milliardaire, en dehors de «l’ADN de Paris Match». L’édition du 19 septembre était ainsi dédiée à une communauté de nonnes porteuses d’une trisomie et celle du 14 août à la Vierge Marie.

Paroxysme des secousses traversées par le magazine, sa société des journalistes, garante du respect des règles déontologiques, s’est sabordée en début d’année. A l’été 2022, elle s’était indignée d’une une consacrée au cardinal ultra-conservateur Robert Sarah, puis du licenciement du rédacteur en chef politique et économie de Paris Match Bruno Jeudy, remplacé par la figure de CNews Laurence Ferrari. Cette dernière préside désormais les marques JDD et JDNews, nouvel hebdomadaire d’actualité lancé en septembre.