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Piratage : net recul global mais légère hausse du streaming illicite de compétitions sportives

L’Arcom dévoilait mardi matin le bilan de sa lutte contre le piratage pour l’année 2023, qui montre notamment la difficulté à juguler la hausse de l’audience des retransmissions sportives illicites en direct.
Kylian Mbappé lors des quarts de finale de la Ligue des champions face à Barcelone, à Paris, le 10 avril 2024. (Jean-Marie Hervio/KMSP. AFP)
publié le 30 avril 2024 à 15h38

Difficile de lutter contre le piratage en ligne, tant la consommation illicite d’œuvres culturelles ou d’événements sportifs trouve régulièrement de nouveaux moyens de prospérer. C’est un peu le constat que l’on retrouve dans le bilan, dévoilé mardi, de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) pour l’année 2023. Résultat de la fusion entre le CSA (le gendarme de l’audiovisuel) et l’Hadopi (chargée auparavant de lutter contre le piratage) en 2022, l’autorité a vu, grâce à ce mariage, ses moyens considérablement renforcés dans la chasse au streaming sportif ou au téléchargement de films et de séries. Cela a ainsi mené à une baisse de 27 % de l’audience illicite globale entre 2021 et 2023. En clair, le piratage concerne désormais 16 % de la population internaute, soit environ 8,5 millions de personnes. Ils étaient 11,7 millions en 2021, soit 22 % des internautes.

Nouveaux espaces de diffusion

Mais le bilan de ces douze derniers mois révèle aussi d’autres tendances. Notamment une légère hausse de l’audience de la retransmission illégale de compétitions sportives en direct. Le résultat de la démultiplication de nouveaux moyens de diffusion. Par IPTV par exemple, ces abonnements permettant d’accéder à des chaînes sportives normalement cryptées. Par la démocratisation des VPN, ces «réseaux privés virtuels» qui offrent protection et anonymat aux internautes. Selon l’Arcom, 57 % des internautes ayant des pratiques illicites utilisent ce genre de contournements. Au point que l’autorité demande l‘implication des fournisseurs de VPN pour intensifier la lutte contre le piratage. Enfin, les réseaux sociaux sont aussi de nouveaux espaces de diffusion illicite de matches de Ligue des champions ou de combats de MMA – l’Equipe rappelait encore récemment à quel point Telegram était devenu le «nouvel eldorado du streaming illégal».

Car à côté, l’audience des plus «traditionnels» sites de streaming sportif illicite est à la baisse, sous l’effet de l’action de l’Arcom et de la justice, la loi permettant depuis janvier 2022 aux détenteurs de droits sportifs de demander l’interdiction de sites diffusant leurs compétitions illégalement. En tout, ce sont 3 370 noms de domaines qui ont été bloqués depuis deux ans, selon l’Arcom. Le dispositif de l’autorité protège notamment onze compétitions, dont la Ligue 1, la Ligue des champions de football ou le tournoi de Roland-Garros. Avec des résultats sur le comportement des utilisateurs : plus d’un quart des internautes (27 %) qui regardent des compétitions sportives sur des sites de streaming illicites ont déjà été confrontés à un blocage de l’Arcom. Et 47 % des internautes contrevenants confrontés à ces blocages ont déclaré avoir ensuite abandonné leurs pratiques ou avoir souscrit à une offre légale.

Phénomène des sites miroirs

Enfin, sur le piratage encore plus installé, soit le téléchargement ou le streaming d’œuvres culturelles (films, séries, livres…), l’Arcom fait état d’une baisse de 30 % de l’audience des sites proposant illégalement ce genre de contenus l’an passé. Avec une forte baisse au deuxième semestre 2023 : le résultat de la fermeture de la plateforme Uptobox, après une descente de police dans les datacenters hébergeant ses serveurs, comme le racontait à l’époque l’Informé. A l’origine, on trouve une action des ayants droit, l’Alliance for Creativity and Entertainment, qui regroupe des plateformes comme Apple TV +, Disney ou Netflix.

Au total, depuis octobre 2022, ce sont donc 594 noms de domaine qui ont été bloqués dans le secteur du cinéma, de l’audiovisuel, des arts graphiques et de l’édition scientifique. La majorité des services concernés proposaient de la vidéo à la demande (165 noms de domaine bloqués) ou des livres numériques (148 noms de domaine). Enfin, si l’Arcom réussit à prendre en compte le phénomène des sites-miroirs (souvent des noms de domaines alternatifs proposant les mêmes bases de données que le site principal), l’autorité se retrouve plus démunie face à des services recréant quasi immédiatement leurs sites après chaque blocage, comme Wawacity, Zone-annuaire ou Zone-telechargement. De nouveaux moyens à trouver pour la lutte contre le piratage.