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Libération
Mascarade

A France Télé, la Maison Elkabbach ressemble à une «mauvaise blague»

Dans un communiqué, la branche CGT du groupe public dénonce «une mauvaise blague» et demande à la direction d’annuler la cérémonie prévue lundi prochain censée rebaptiser le bâtiment principal du média en «Maison Jean-Pierre Elkabbach».
Le secrétaire général de la CGT Georges Seguy participe à une interview des journalistes Jean-Pierre Elkabbach et Pierre-Marie Thiaville lors de l'émission "Question de temps" sur Antenne 2, le 18 août 1980. (Michel Clement /AFP)
publié le 6 octobre 2023 à 10h15

Le souvenir de Jean-Pierre Elkabbach ne fait pas l’unanimité à France Télévisions. Alors que le groupe a annoncé jeudi 5 octobre que le bâtiment principal du service public sera rebaptisé dès lundi au nom de son ancien patron décédé en début de semaine, la branche du syndicat a fait savoir dans un communiqué tout le mal qu’elle pensait de cette annonce. «Quand le mail est tombé ce matin, beaucoup de salariés de FTV ont cru à une mauvaise blague, un gag digne des Guignols de l’Info et tout est remonté à la surface», écrit le syndicat.

C’est qu’aux yeux de cette partie des salariés, le court passage de Jean-Pierre Elkabbach à la tête de France Télé de 1993 à 1996 ne mérite pas un tel honneur. D’abord, à cause du scandale des animateurs producteurs. L’ancien intervieweur avait dû quitter son poste de PDG, emporté par le scandale des contrats qu’il avait signés à grands coups de millions de francs avec certains animateurs stars de France 2. «Trois ans de gabegie avec l’argent public pour enrichir les “voleurs de patates”, les jeunes entrepreneurs Nagui, Delarue, Arthur…», grince la CGT dans son communiqué. «Trop d’argent dilapidé, un rapport accablant de la Cour des comptes sur la gestion de FTV entre 1993 et 1996, Jean-Pierre Elkabbach a fini par se faire virer. Et aujourd’hui on veut donner son nom au siège de FTV !», poursuit le syndicat.

«Chien de garde»

Outre sa mauvaise gestion des deniers publics, la CGT reproche également à Elkabbach sa trop grande connivence, tout au long de sa carrière, avec les différents pouvoirs successifs. Notamment de droite. «Elkabbach, c’est une voix d’Europe 1 qui a fini chez Bolloré, une figure des médias privés, un journaliste marqué à droite, un homme accroché au micro pour servir la soupe aux puissants tout en faisant mine de les secouer de temps en temps. Ce “chien de garde” s’est accommodé avec tous les pouvoirs en place pour continuer à garder la main sur les interviews politiques au service de ses amis haut placés», développe le syndicat.

Enfin, la branche de la centrale reproche à la direction le côté précipité et unilatéral de l’annonce de la présidente du groupe Delphine Ernotte. «Aucun débat, aucune discussion en amont pour choisir le nom que portera notre maison commune, la Maison de la télé qui devrait être un bien public neutre. Qui est derrière cette décision absurde ? Le Président lui-même ?», interroge la CGT. Lundi, le chef d’Etat Emmanuel Macron doit prononcer un discours depuis le siège et dévoiler une plaque commémorative. Les auteurs du communiqué réclament tout simplement «l’annulation immédiate de cette mascarade».